Un spécialiste de l’endométriose accusé de violences par des patientes

Un grand spécialiste de l'endométriose est accusé de violences sur des patientes

Longtemps considéré comme un spécialiste de l’endométriose, le professeur Emile Daraï fait l’objet de plusieurs accusations de violences sexuelles, verbales et physiques sur des patientes. L’APHP et l’hôpital Tenon ont confirmé l’existence de plusieurs signalements.

Révélations sordides à l’hôpital Tenon, dans le XXe arrondissement de Paris. Le directeur du centre endométriose de l’établissement, le professeur Emile Daraï, fait l’objet de plusieurs plaintes pour violences sexuelles, verbales et physiques sur des patientes, rapportent nos confrères de France Bleu. L’accusé nie les faits et récuse les propos des victimes, qu’il juge diffamatoires. Pour rappel, une française sur dix souffre d’endométriose, une maladie gynécologique extrêmement douloureuse et pouvant conduire à la stérilité.

C'est le compte Twitter Stop aux Violences Obstétricales & Gynécologiques qui a donné l’alerte en publiant plusieurs témoignages terribles sur le réseau social. Ces derniers sont complétés par d’autres, issus d’une enquête de France Info : "Il arrive et insère directement un spéculum de manière extrêmement violente, sans lubrifiant, sans rien, raconte Agnès, la gorge serrée. Je pousse un cri, je sens la fissure que j'ai à ce moment-là qui se déchire, je sais que je suis en train de saigner. Il dit alors qu'il va procéder à un toucher rectal.” Elle poursuit : “Je lui dis : 'non, non, pas de toucher rectal, je viens d'être opérée d'un abcès de la marge anale.' Il ne me regarde pas. Il insère deux doigts dans mon anus, et je sens toutes les sutures qui craquent, les cicatrices qui explosent, j'ai une douleur absolument fulgurante, je me débats dans les étriers, je hurle. Il y a une partie de mon corps qui ressent encore cette sensation. Je ne l'oublierai pas. On n'oublie pas ce genre de choses." Un récit terrible qui n'est pas isolé.

Des témoignages qui se recoupent

Qu’il s’agisse de patients ou de membres du personnels soignants, de nombreux témoignages se recoupent à propos des pratiques du professeur Daraï : mépris des patientes, examens vaginaux ou anaux sans consentement, violences verbales et physiques. Une interne va même jusqu’à raconter qu’il s’amusait de l’introduction des “bougies anales” sur des patientes endormies, évoquant leur manque de pratique de la sodomie. Plusieurs signalements avaient d’ailleurs été faits à propos de ce médecin désormais controversé. Ainsi, le conseil départemental de l'Ordre des médecins à Paris a confirmé en avoir reçu trois en 2014 et l’AP-HP, cinq. Aucune des victimes n’aurait finalement voulu donner suite.

Il aura donc finalement fallu attendre que ces plaintes deviennent publiques pour que les choses avancent. Une enquête interne va finalement être ouverte, dirigée par l’hôpital Tenon et la faculté de médecine de Sorbonne Université, où le médecin enseigne. Danielle Simonnet, une élue LFI du XXe arrondissement, a quant à elle annoncé qu’elle pèserait de tout son poids pour que la mairie de Paris fasse ouvrir une enquête par l’AP-HP dont elle dirige le conseil de surveillance. Affaire à suivre donc.

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