Publicité

Gwenaëlle Aubry, scènes de rupture

Quatre femmes quittent leur vie d’artiste et se retrouvent à «la Folie Elisa»

Entrez, nous dit-elle. Entrez leur dit «L», entrez dans ma maison. De janvier 2015 à janvier 2016, quatre femmes quittent la scène au sens propre et au figuré. Toutes artistes, elles ont pris possession d’une chambre dans la «Folie Elisa». Emy la rockeuse au premier étage au fond du couloir, Sarah la danseuse à son autre bout, Ariane la comédienne au rez-de-chaussée et Irini la sculptrice entre la chambre d’Ariane et la cuisine. Cette disposition des lieux fournit un cadre concret à ces esprits fêlés et tourmentés qui semblent se retirer du monde. C’est le modèle d’une vraie demeure, utilisée dans la fiction et comme une métaphore : «La folie Elisa, c’est le vrai nom d’une maison perdue, où j’ai travaillé, où j’ai écrit et dont on s’est aperçu un jour en poussant le portail qu’elle s’appelait l’asile de la folie. Elisa c’est non seulement l’anagramme mais le palindrome du mot asile», dit Gwenaëlle Aubry à Libération.

Fosse aux regards. La première voix, Emy, donne immédiatement la tonalité du récit. Elle a arrêté ses concerts après les attentats du 13 Novembre. «Le Bataclan c’était ma maison, tu comprends, on y a joué quoi, dix fois, des premières parties.» Chacune de ces femmes relate ainsi une confrontation à la réalité qui l’a fait un jour basculer, comme si les fondations rassurantes élevées autour d’elles s’étaient effondrées. Ainsi Ariane, 45 ans, choisie par un metteur en scène pour interpréter Ysé dans le Partage de midi, explose-t-elle le couvercle social en direct, au troisième acte, sur le plateau de l’Odéon. Une décompensation, dirait peut-être un psychiatre. Ariane s’est avancée face à la fosse des regards, a largué le texte de Claudel et pris la main. «Parlez, je vous en prie, ne croyez-vous pas qu’on pourrait se parler, vous et moi, se dire un peu la vérité, lâcher les mots d’emprunt, après tout nous sommes vivants, nous nous regardons dans les yeux, savez-vous ce que c’est, (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Malle d’amours
Prix de saison
Classement datalib des meilleures ventes de livres (semaine du 09 au 15/11/2018)
RécitLittératuremémoiresArchivesPsychanalysephilosophieHistoire
Joseph Roth, Pâque à New York