En Guinée, «il n’y a rien sauf la maladie»

Un panneau d'information sur le virus Ebola, à Conakry en Guinée le 8 septembre.

Dans un centre de traitement d’Ebola, MSF partage le sort des populations. Ailleurs, les résistances locales persistent.

Deux ambulances filent sur la route obscurcie par les hautes murailles végétales de Ziama, l’une des dernières forêts primaires de Guinée. Dans les deux pick-up bâchés de Médecins sans frontières, trois malades sont transportés du centre de transit de Macenta vers le centre de traitement d’Ebola (CTE) de Guéckédou, distants de 90 kilomètres. En cette fin d’après-midi, adultes et enfants de retour des champs se retournent au passage du convoi. D’aucuns se couvrent le nez et la bouche avec la paume de leur main comme pour se protéger d’une impossible contamination aérienne. D’autres pointent du doigt un malade qui s’est redressé à l’arrière du véhicule. Les enfants crient «Ebola» ou s’immobilisent, sourcils froncés et yeux écarquillés d’inquiétude. Pour les ambulances, le plus dur reste à faire : emprunter une mauvaise piste détrempée où des dizaines de poids lourds sont immobilisés les uns derrière les autres depuis des jours.

Hochets. L’épidémie ouest-africaine d’Ebola s’est propagée depuis Guéckédou, ville-carrefour multiconfessionnelle de 300 000 habitants. La frontière libérienne est à moins de 5 km. Celle de la Sierra Leone à moins de 20 km. En 2001, la ville avait été ruinée par la guerre importée du Liberia. Aujourd’hui, c’est la maladie qui la ronge. A l’intérieur de la sombre pharmacie Makona aux étagères clairsemées, Abdoulaye Barry constate les dégâts. «Les hôpitaux et cliniques sont peu fréquentés car les gens ont peur de s’y rendre. La pharmacie en ressent les conséquences. On ne vend plus que des médicaments d’usage ordinaire», explique ce Peul longiligne en complet mauve.

Devant le portail d’entrée du CTE, des dizaines de jeunes hommes attendent chaque matin un hypothétique recrutement par MSF. «Nous prions Dieu pour qu’Ebola quitte la Guinée car, sans travail, on n’est pas considéré. Il n’y a rien ici sauf la maladie», explique Yacoly (...)

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