Guinée : à la clinique de l'Indépendance, une nation avortée ?

Après avoir conduit la Guinée à dire « Non ! » à la communauté franco-africaine, Sékou Touré s'est mué en dictateur qui a empêché la constitution d'une véritable nation guinéenne.   
Après avoir conduit la Guinée à dire « Non ! » à la communauté franco-africaine, Sékou Touré s'est mué en dictateur qui a empêché la constitution d'une véritable nation guinéenne.

Le « Non » du 28 septembre 1958 a été un échec moral et politique, repérable à l'incapacité des leaders à préparer l'avènement d'une société émancipée de l'État colonial. En Guinée, la lutte anticoloniale, loin de s'être concrétisée dans la fondation d'une nation, a consacré le triomphe de l'esprit autoritaire sur l'esprit démocratique. Il est vrai que le Parti démocratique de Guinée (PDG) n'a pas manqué de magnifier l'idéal national, y voyant le lieu de convergence de toutes les aspirations politiques et sociales. Mais cette promotion de la nation, taillée conformément aux volontés du président Sékou Touré, a eu pour effet d'enraciner dans les pratiques politiques des relations de domination et d'exploitation.

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Le refus de la singularité, la volonté de l'enrôlement idéologique

En fait, la construction nationale telle que l'envisageait le socialisme révolutionnaire de Sékou Touré a été contre l'homme dans ce qu'il a de différent et dans ce qu'il est en tant qu'être de dignité. L'idéal de la révolution refusait l'expression de la singularité humaine ; elle ne reconnaissait d'humain que ce qu'elle pouvait désigner conformément aux désirs des détenteurs du pouvoir. Ainsi, tous ces autres hommes qui opposaient un refus à l'enrôlement idéologique se voyaient retirer brutalement le droit de vivre. Cette sélection politique des hommes et ce pouvoir absolu sur la vi [...] Lire la suite