Guilhem Carayon en Une de L’Incorrect avec le RN et Reconquête : LR divisé
POLITIQUE - Deux gagnants, et un perdant. Ainsi pourrait se résumer la dernière Une du magazine L’Incorrect, positionné à la droite de la droite, en kiosque ce jeudi 2 mars. En couverture, les responsables des branches jeunesses de trois partis : Pierre-Romain Thionnet pour le Rassemblement national, Stanislas Rigault pour Reconquête ! et Guilhem Carayon pour Les Républicains.
« Les jeunes coupent le cordon », titre l’hebdomadaire cofondé par Jacques de Guillebon, proche de Marion Maréchal. Soit l’évocation d’une possible fin du fameux « cordon sanitaire » séparant la droite et l’extrême droite qui passe mal du côté des Républicains. Président LR de L’Essone et proche de Xavier Bertrand, François Durovray a immédiatement dénoncé ce rapprochement.
« Inadmissible de mettre en avant des points communs avec les partis d’extrême droite sans parler de ce qui nous différencie d’abord fondamentalement », a tweeté dès mercredi 1er mars l’intéressé, en demandant au président du parti, Éric Ciotti, de démettre Guilhem Carayon de son poste de porte-parole. Une offensive notamment saluée par le député LR Julien Dive.
Inadmissible de mettre en avant des points communs avec les partis d’extrême droite sans parler de ce qui nous diff… https://t.co/anGNs8HBgK
— François DUROVRAY (@durovray) Voir le tweet
Auprès de plusieurs médias, dont Libération, le jeune LR (qui n’a pas attendu cette interview commune pour croiser ses homologues du RN et de Reconquête !) affirme avoir été piégé par le titre de la Une et nie toute volonté de travailler avec l’extrême droite. « C’est une chimère. LR et le RN ne peuvent pas se marier. Pradié dit la même chose que moi : ni macroniste ni lepéniste. Je suis à 100 % sur la ligne du parti. […] J’étais juste là pour un entretien. J’ai juste été piégé dans le sens où le titre est fallacieux », se défend-il ce jeudi.
Ciotti n’a rien à redire
Le Président des Jeunes Républicains peut en tout cas compter sur le soutien du patron des élus LR au Sénat, Bruno Retailleau. Invité sur BFMTV ce jeudi, le sénateur affirme ne pas avoir été choqué par l’initiative prise par Guilhem Carayon. « Franchement, on a tous débattu avec des opposants. La démocratie c’est le débat », a répondu l’élu vendéen, estimant que l’intéressé a été « respecteux de la ligne du parti » dans les propos qu’il a tenus dans cet entretien croisé.
Auprès du HuffPost, l’entourage d’Éric Ciotti confirme que le président des Républicains n’a rien à redire du contenu de l’interview donnée, et qu’il n’est donc pas question de démettre Guilhem Carayon de son poste de porte-parole.
Reste que l’image véhiculée par la couverture, montrant une proximité, voire une complicité, entre ces trois garçons plein d’avenir, n’est pas forcément une bonne nouvelle pour le parti de droite, dont l’essentiel des efforts consiste à se démarquer du RN, comme on peut le voir à l’Assemblée nationale au sujet de la réforme des retraites.
Union des droites et « dédiabolisation »
Un risque d’image que ne connaissent pas ses deux comparses. Du côté de Stanislas Rigault, l’occasion est trop belle de faire de cette Une la première pierre de l’union des droites, prônée par Éric Zemmour. Ce que le fondateur de Reconquête ! a immédiatement applaudi sur Twitter. « Bravo à eux. Le dialogue entre les jeunes de droite est la première étape avant l’union des droites », a tweeté l’ex-candidat à la présidentielle.
Bravo à eux. Le dialogue entre les jeunes de droite est la première étape avant l’union des droites. @MagLincorrect https://t.co/Oj1ysohqBX
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) Voir le tweet
Pour le Rassemblement national, la présence de Pierre-Romain Thionnet en compagnie du chef des jeunes LR nourrit le récit de la « dédiabolisation » entretenu par Marine Le Pen. Et qu’importe si le RN au Palais Bourbon accuse le parti de droite d’être la « béquille » du gouvernement.
« Au-delà de différences idéologiques - question sociale - et stratégiques (ou vestimentaires) il n’y a rien d’étonnant à ce que notre génération mène de très nombreux combats communs, à commencer par la volonté que le peuple français continue et ne change pas irrémédiablement », a commenté le président du Rassemblement national de la jeunesse.
Rien d’étonnant ? Pour un parti qui ambitionne justement de faire sauter le cordon sanitaire qui l’a longtemps marginalisé du débat politique, assurément.
À voir également sur Le HuffPost :
Marine Le Pen n’ira pas au Salon de l’agriculture à cause d’une blessure
Olivier Dussopt juge Marine Le Pen « plus républicaine » que la Nupes