Guerre en Ukraine : la visite de Poutine en Biélorussie renforce les craintes de Kiev

Russian President Vladimir Putin (L) and Belarusian President Alexander Lukashenko shake hands before their meeting at the Palace of Independence in Minsk on December 19, 2022. (Photo by Konstantin ZAVRAZHIN / SPUTNIK / AFP) / *Editor's note : this image is distributed by Russian state owned agency Sputnik*

GUERRE EN UKRAINE - La fébrilité des Ukrainiens monte encore d’un cran. Alors que Kiev craint une attaque russe depuis la Biélorussie début 2023, Vladimir Poutine s’est rendu ce lundi 19 décembre à Minsk pour des pourparlers avec son homologue Alexandre Loukachenko, son allié dans la guerre avec l’Ukraine.

La télévision publique russe a montré le président russe en train de descendre de l’avion avant d’être chaleureusement salué par son homologue sur le tarmac de l’aéroport de la capitale, malgré les températures très basses.

« La Russie et la Biélorussie sont ouvertes au dialogue avec les autres États, y compris Européens », a assuré Alexandre Loukachenko au début de cette rencontre, selon des images retransmises à la télévision russe. Il a toutefois appelé les Occidentaux à « écouter la voix de la raison » et appelé à une coopération plus étroite avec Moscou au vu des « temps difficiles » actuels.

Vladimir Poutine a de son côté évoqué des questions de coopération économique entre les deux pays, avant que la retransmission ne soit interrompue.

« Nous nous préparons pour tous les scénarios »

Cette visite du maître du Kremlin est sa première en Biélorussie depuis trois ans, tandis qu’Alexander Loukachenko s’est rendu à plusieurs reprises en Russie. De quoi interroger les Ukrainiens sur les objectifs réels de cette rencontre. Ajoutant aux inquiétudes, l’armée russe a déclaré qu’elle allait prendre part à des manœuvres « tactiques » dans le pays, après l’annonce en octobre de la formation d’une force commune de plusieurs milliers d’hommes.

Lors d’une réunion à Kiev, « la protection de la frontière avec la Russie et la Biélorussie » ont été au cœur des discussions, avait assuré dimanche sur Telegram le président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Nous nous préparons pour tous les scénarios. Si quelqu’un force Minsk à faire quelque chose, ça ne les aidera pas », a-t-il prévenu. D’après Kiev, Moscou se sert déjà du territoire biélorusse pour lancer ses missiles.

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Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a toutefois démenti que Vladimir Poutine soit allé en Biélorussie pour convaincre Minsk de directement participer au conflit en Ukraine, qualifiant ces allégations de « stupides » et « sans fondement ».

« Le rôle de la Biélorussie dans cette guerre pourrait bientôt changer »

Mais pour l’ancienne diplomate Sylvie Bermann, la visite de Poutine sert bien « à obtenir de la Biélorussie qu’elle s’engage davantage dans le conflit », a-t-elle estimé sur BFMTV. La correspondante de SkyNews à Moscou émet aussi des doutes, car le ministre de la Défense russe Sergueï Choïgu faisait également partie de la délégation. « Selon les déclarations, [Poutine et Loukachenko] ont parlé d’économie. Alors pourquoi était-il là », se demande-t-elle.

« Les forces armées biélorusses se sont beaucoup entraînées depuis avril. Ils n’ont possiblement jamais été aussi actifs depuis la fin de la Guerre froide », a renchéri l’analyste en sécurité Konrad Muzyka à Skynews. « Si on ajoute l’effort de mobilisation de ces derniers mois, en regardant le nombre de réservistes pour les convoquer et vérifier leurs informations, cela signifie que le rôle de la Biélorussie dans cette guerre pourrait bientôt changer », complète-t-il.

C’est dans ce climat tendu que Kiev a de nouveau subi un nouvel assaut massif de drones envoyés par la Russie dans la nuit de dimanche à lundi. Selon les autorités locales, 23 de ces engins ont été aperçus dans le ciel de la capitale, dont 18 ont été neutralisés par la défense antiaérienne.

Un rapprochement Russie-Chine ?

Les autorités locales ont signalé que « plusieurs infrastructures et maisons » avaient été « endommagées » et au moins trois personnes blessées. Selon l’opérateur national Ukrenergo, des coupures de courant ont été introduites à Kiev et dans 10 régions face à une situation « difficile » sur le réseau après ces frappes.

Volodymyr Zelensky, a par ailleurs affirmé que Moscou avait reçu « un nouveau lot » de 250 drones de la part de l’Iran. Il a réclamé à l’occasion d’un sommet européen à Riga des batteries de missiles norvégiennes NASAMS, des chars allemands Leopard, des systèmes d’artillerie suédois Archer et des canons français Caesar.

Moscou a de son côté assuré avoir abattu quatre missiles antiradar de fabrication américaine HARM au-dessus de la région russe de Belgorod, à la frontière avec l’Ukraine, une zone régulièrement visée par les forces ukrainiennes.

La Russie a aussi fait savoir que plusieurs de ses navires de guerre participeraient dès cette semaine à des manœuvres avec la marine chinoise, sur fond d’efforts de Moscou et de Pékin en vue de consolider leurs liens face aux Occidentaux.

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