Guerre Ukraine - Russie : ces pays européens qui restent neutres ou en retrait

L'adhésion à l'OTAN, un des principaux freins pour les pays frontaliers de la Russie (Photo JOHN THYS / AFP)

Si la plupart des pays européens dont la France soutiennent des mesures fortes contre la Russie, certains pays restent en retrait, voire neutres, vis-à-vis de Moscou.

L'Europe a parlé d'une seule voix pour condamner l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Les 27 pays membres de l'Union européenne ont ainsi décidé de geler les avoirs de Vladimir Poutine et de Sergueï Lavrov. Pour autant, certains pays européens ont une attitude plus neutre concernant les sanctions ou l'attitude à tenir contre Moscou, et marchent sur une ligne de crête.

La délicate position des voisins de la Russie

Argument avancé par la Russie pour justifier l'offensive contre l'Ukraine, la potentielle adhésion du pays à l'OTAN, dont Moscou réclame la fin de l'élargissement à l'Est depuis plusieurs années. Un argumentaire similaire qui est déployé à l'égard de la Géorgie, dont la proximité avec les pays membres de l'OTAN irrite Moscou.

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Si plusieurs anciens pays membres de l'URSS ont décidé d'adhérer à l'OTAN comme les pays baltes, d'autres sont beaucoup plus réservés et se tiennent à bonne distance de l'Organisation. C'est notamment le cas de la Finlande qui a ainsi cette position délicate vis-à-vis de la Russie. Le pays partage 1 340 km de frontière terrestre avec la Russie et faisait partie de l'empire russe avant la révolution russe de 1917.

La crainte d'adhérer à l'OTAN

La Finlande a adopté une disposition dite d’"option OTAN", qui signifie que "si la sécurité du pays l’exige, la Finlande a l’opportunité de demander l’adhésion", a rappelé la Première ministre Sanna Marin, reconnaissant qu'avec la situation actuelle, le débat sur l’adhésion à l’OTAN, "va certainement être de plus en plus nourri".

L'invasion de la Crimée en 2014 a poussé la Finlande, comme la Suède, à faire un premier pas en direction de l'OTAN. Les deux pays ont conclu des accords de "host nation support" qui permettent aux troupes alliées de se déplacer sur leur territoire avec le soutien logistique des Etats hôtes.

La crainte qu'une adhésion fasse du pays "un front principal du conflit"

Mais en Finlande, la population reste à bonne distance de l'OTAN. Seules 45 % des personnes interrogées soutiendraient la demande d'adhésion de la Finlande à l'OTAN à condition qu'elle soit recommandée par les dirigeants du pays, tandis qu'environ un tiers des répondants se sont opposés à l'idée et que moins d'un quart se sont dit indécis.

Dans un livre intitulé "la Finlande et l'OTAN", un ancien ministre des affaires étrangères et actuel député estimait qu'en adhérant à l'Organisation, la Finlande "deviendrait le front principal d'un conflit entre l'alliance et la Russie".

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La Suède a aussi cette position délicate, bien que ne partageant pas de frontière terrestre avec la Russie. Le pays, qui n'est pas membre de l'OTAN, a condamné l'offensive en Ukraine, "nous sommes entrés dans un nouveau chapitre sombre de l’histoire européenne", a déploré la Première ministre suédoise Magdalena Andersson lors d’une conférence de presse, condamnant "une violation évidente du droit international".

En cas d'adhésion, la Russie menace "de représailles"

Malgré ce nouveau chapitre, Stockholm garde habilement ses distances avec l'OTAN, à laquelle elle ne veut pas adhérer. "Dans une telle situation, il est crucial que la ligne de la Suède dans sa politique de sécurité reste inchangée. La Suède est hors des alliances depuis extrêmement longtemps. Cela a bien servi ses intérêts", a poursuivi la Première ministre, s'appuyant là aussi sur une hostilité à l'adhésion à l'OTAN parmi la population.

Selon un récent sondage, 37 % des Suédois interrogés diraient oui à l’adhésion à l’OTAN, tandis que 35% seraient contre, rapporte Euractiv . Une prudencede la part de la Finlande et de la Suède qui est justifiée après la prise de parole de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, ce vendredi. "L'admission de la Suède et de la Finlande à l'OTAN nécessiterait des mesures de représailles de la part de la Russie", a-t-elle annoncé après l'invitation envoyée par le secrétaire générale de l'OTAN aux deux pays pour participer vendredi au sommet d'urgence virtuel de l'alliance sur la situation autour de l'Ukraine, rapportent plusieurs médias.

La Suisse et sa traditionnelle neutralité

Si le Conseil fédéral suisse condamne "de la façon la plus ferme" l'entrée des troupes russes en Ukraine et enjoint la Russie "à les retirer immédiatement", la Suisse, qui ne fait pas partie de l'Union européenne, refuse de prendre ses propres sanctions.

Dans l'ensemble "la Suisse s'appuiera" sur les décisions de l'UE, y compris pour la liste des personae non gratae, par exemple les 336 députés de la Douma -, a précisé l'ambassadeur Erwin Bollinger. Objectif, éviter que le territoire helvétique ne permette aux Russes de contourner les sanctions.

Des sanctions inspirées de celles de l'UE

Une décision qui ressemble à celle prise en 2014, lors de l'annexion de la Crimée. Fidèle à sa réputation de neutralité, la Suisse n'avait pas non plus repris les sanctions de l'Union européenne, le Conseil fédéral (gouvernement) avait toutefois "édicté une ordonnance visant à empêcher le contournement des sanctions de l’UE via la Suisse", a-t-il dit, à l’issue d’une réunion extraordinaire.

Concrètement, une liste d'entreprises russes et de citoyens russes avec lesquels il était interdit de nouer de nouvelles relations d'affaires avait été établie. Des affaires soumises à autorisation si elles étaient déjà en place avant les sanctions. D'autres mesures pour éviter que la Suisse ne serve de contournement aux sanctions internationales avaient été prises, soumettant certaines opérations à des autorisations préalables.

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