Guerre en Ukraine : la Russie accusée d'avoir mis en scène l'arrestation de néo-nazis

Une opération des forces spéciales est tournée en ridicule sur le fond et la forme, en particulier en raison des objets saisis par les autorités.

La séquence semble tout droit sortie d'un mauvais film d'action. Ce lundi, alors que l'invasion russe de l'Ukraine a débuté depuis plus de deux mois, Moscou a diffusé une vidéo dans laquelle des spetsnaz, membres du groupe d'intervention spécial de la police russe, intervenaient dans un appartement moscovite afin d'interpeller plusieurs individus. Selon la version officielle, ces derniers, des néo-nazis à la solde des services de sécurité ukrainiens, fomentaient un attentat contre le présentateur de télévision pro-Kremlin Vladimir Soloviev.

Mise en scène

Seulement, l'opération, organisée et filmée par le FSB, service de renseignements russe successeur direct du KGB, sonne faux. Dès les premières secondes de la vidéo, on peut voir un policier frapper à la porte, qui s'ouvre quasi-instantanément, au lieu d'employer la force et de prendre les occupants par surprise. Là, la personne dans l'appartement semblait attendre derrière la porte, comme avertie.

Le butin récupéré par les autorités lors de la perquisition a également de quoi faire tiquer. Des explosifs, de la drogue, des passeports ukrainiens neufs, un portrait d'Adolf Hitler, un t-shirt siglé de la croix gammée nazie ainsi qu'un exemplaire de Mein Kampf sont saisis, soit l'inventaire du parfait néo-nazi, parfaitement disposé à la vue de tous. Dans le livre, une dédicace signée "signature peu claire", comme si les services secrets avaient pris au pied de la lettre une indication qui leur demandait de signer de manière illisible.

Plus surprenant encore, plusieurs boîtes du célèbre jeu Les Sims ont été saisies. Là, plusieurs hypothèses sont avancées par les spécialistes. La première serait qu'il s'agit d'une pied-de-nez à la culture occidentale honnie, une extension de ce jeu ayant été interdite sur le territoire russe en février dernier pour son contenu LGBT. L'autre serait que les agents responsables de cette mise en scène auraient confondu une carte SIM de téléphone portable avec le jeu du même nom.

Désinformation

Comme à la plus belle époque du kompromat à la soviétique, cette désinformation est ici faite pour nourrir la propagande russe et l'opération militaire spéciale, selon la dénomination du Kremlin, encore en cours en Ukraine. Dès le début du conflit en février dernier, le terme de "dénazification" de l'Ukraine avait été employé par Vladimir Poutine afin de justifier son intervention militaire. La "découverte" de ces objets nationalistes est donc une aubaine pour le Kremlin.

De son côté, Vladimir Soloviev a une petite idée de la raison pour laquelle l'Ukraine voudrait sa mort. Selon lui, il s'agit d'une vengeance directe du président Volodymyr Zelensky, qui selon lui a par le passé été éconduit de sa chaîne de télévision alors qu'il cherchait un emploi.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Qui est Vladimir Poutine, le président de la Russie ?