Guerre en Ukraine : Poutine tente de répliquer à Macron, Scholz et Biden et leurs pressions diplomatiques

Le président russe Vladimir Poutine (G) serre la main du président américain Joe Biden avant le sommet États-Unis-Russie à la Villa La Grange, à Genève, le 16 juin 2021. (Photo de Brendan Smialowski / AFP)
BRENDAN SMIALOWSKI / AFP Le président russe Vladimir Poutine (G) serre la main du président américain Joe Biden avant le sommet États-Unis-Russie à la Villa La Grange, à Genève, le 16 juin 2021. (Photo de Brendan Smialowski / AFP)

GUERRE EN UKRAINE - Les mains tendues de l’Occident, Vladimir Poutine n’en veut pas. Le Kremlin a rejeté ce vendredi 2 décembre la proposition de Joe Biden, qui s’était dit prêt, la veille, à discuter avec le président russe si ce dernier retirait ses troupes d’Ukraine. Le chef du Kremlin a aussi dit non à une « solution diplomatique » proposée par le chancelier allemand, Olaf Scholz. Alors que les troupes russes sont obligées de battre en retraite, le chef du Kremlin résiste tant bien que mal aux coups de pression de l’Occident, qui cherche à trouver une issue à la guerre en Ukraine.

Réunis à l’occasion de la visite d’État d’Emmanuel Macron aux États-Unis, les présidents américains et français ont affiché leur volonté de chercher ensemble une solution. Joe Biden s’est dit « prêt » à parler avec Poutine si ce dernier « cherche un moyen de mettre fin à la guerre » en Ukraine. Il a fixé comme première condition un retrait des troupes russes.

« L’opération militaire continue »

« Si tel était le cas, alors en consultation avec mes amis français et l’Otan, je serais heureux de m’asseoir avec Poutine pour voir ce qu’il a en tête. Il ne l’a pas encore fait », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse commune avec Emmanuel Macron.

Ppine perdue, Vladimir Poutine a rejeté d’un revers de main la proposition de Biden. Le président américain « a dit de facto que des négociations seraient possibles uniquement après que Poutine sera parti d’Ukraine », ce que Moscou rejette « bien évidemment », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « L’opération militaire continue », a-t-il insisté.

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a lui aussi tenté sa chance ce vendredi en proposant à Poutine de retirer ses troupes lors d’un entretien téléphonique d’une heure entre les deux dirigeants. Rebelotte, Poutine a refusé le deal, jugeant les frappes massives de la Russie contre l’infrastructure énergétique de l’Ukraine « nécessaires et inévitables ».

La position « destructrice » de l’Occident

Selon Poutine, Kiev est responsable des explosions qui ont détruit en partie le pont russe de Crimée et des installations énergétiques russes. Donc, selon la logique de Kiev, Moscou est dans son droit en bombardant les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, laissant dans le froid et le noir des millions de civils.

Dès lors, l’Occident qui apporte un soutien politique, financier et militaire à Kiev a une position « destructrice » a encore martelé Poutine. Selon le dirigeant russe, c’est l’Ukraine qui « rejette l’idée de toute négociation » et « incite les Ukrainiens radicaux nationalistes à commettre des crimes sanglants ».

Poutine se montre inflexible alors l’invasion en Ukraine ressemble de plus en plus à un échec. Le 24 février 2022, Moscou s’est lancée dans une « attaque éclair », prenant d’assaut la capitale ukrainienne. Cette opération visant à encercler Kiev a été un échec tant la résistance militaire ukrainienne a été forte, analyse Courrier international. Puis les troupes russes se sont trouvées dans l’impasse dans le Donbass. Et, peu à peu, les territoires conquis au Sud et à l’Est ont échappé à Moscou. L’annonce, mi-novembre, de la reprise de Kherson, la première grande ville d’Ukraine tombée entre les mains des troupes russes, est l’ultime revers en date.

Cet échec sur le plan militaire renforce la volonté de Poutine de ne pas céder aux avances de l’Occident, qui souhaitent au plus vite démarrer un processus de paix. Mais jusqu’à quand les États-Unis et l’Europe vont-elles pouvoir soutenir Kiev ? Macron et Biden se sont engagés ce jeudi soir à fournir à l’Ukraine « une aide politique, sécuritaire, humanitaire et économique aussi longtemps qu’il le faudra ».

Erreurs stratégiques européennes face à Moscou ?

Selon la Première ministre finlandaise Sanna Marin, l’Union européenne n’est en tout cas « pas assez forte » pour tenir seule tête à Moscou. En visite en Australie, la dirigeante a souligné que l’invasion et l’occupation de l’Ukraine voisine par la Russie ont révélé les faiblesses et les erreurs stratégiques de l’Europe face Moscou.

Concernant les relations avec Vladimir Poutine, la cheffe du gouvernement finlandais a affirmé que l’Union européenne aurait dû écouter les État membres qui faisaient partie de l’Union soviétique jusqu’à son effondrement.

Depuis leur adhésion à l’Union européenne en 2004, des nations comme l’Estonie et la Pologne ont exhorté les autres membres de l’UE à adopter une ligne plus dure à l’égard de Poutine, une position tempérée par la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grèce, qui sont favorables à des liens économiques plus étroits avec Moscou. « Nous aurions dû écouter nos amis baltes et polonais beaucoup plus tôt », a fait valoir Sanna Marin.

« Pendant longtemps, l’Europe a construit une stratégie vis-à-vis de la Russie pour resserrer nos liens économiques, pour acheter de l’énergie à la Russie… nous pensions que cela empêcherait une guerre », mais cette approche s’est révélée « totalement mauvaise », a-t-elle critiqué. « Ils ne se soucient pas des liens économiques, ils ne se soucient pas des sanctions. Ils ne se soucient de rien de tout cela ».

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