Guerre en Ukraine : Olaf Scholz appelle à négocier avec la Russie
“Je pense que le moment est venu de discuter de la manière de sortir de cette situation de guerre pour parvenir à la paix plus rapidement. […] Il y aura de toute manière une autre conférence de paix. Et le président [ukrainien] et moi-même sommes d’accord pour que la Russie y participe.”
Olaf Scholz
Chancelier allemand
Prononcées lors d’une interview de rentrée sur la chaîne ZDF, les déclarations d’Olaf Scholz sur l’importance d’intensifier les discussions diplomatiques pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont fait réagir outre-Rhin.
Éludant les soupçons relatifs au sabotage des gazoducs Nord Stream qui pèsent sur l’Ukraine, le chancelier social-démocrate allemand a rencontré en fin de semaine dernière le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne.
C’est après cette visite qu’il s’est prononcé en faveur de nouvelles discussions, et de l’organisation d’une “nouvelle conférence de paix” où la Russie serait cette fois présente. Le dirigeant ukrainien s’était lui-même prononcé dans ce sens en juillet dernier, après un premier sommet organisé en juin en Suisse sans délégation russe.
Mais l’opposition conservatrice allemande a rapidement critiqué un gouvernement qui souhaiterait à ses yeux promouvoir une “paix de façade” en Ukraine, assure Bild. Interrogé par le tabloïd de droite, l’élu chrétien-démocrate Roderich Kiesewetter s’insurge :
“Scholz veut se parer des atours de chancelier de la paix, mais [sa position] pourrait aggraver la situation en Ukraine et affaiblir l’Europe et l’Allemagne sur le plan sécuritaire.”
Lassitude allemande
Comme le souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le gouvernement allemand soigne actuellement son image. Il a promis la semaine dernière d’envoyer à l’Ukraine douze canons automoteurs PzH-2000. “Nombre des décisions prises à l’occasion de ce genre de rencontres visent surtout à faire bonne figure.” Et c’est aussi le cas concernant cette nouvelle annonce, qui viserait selon le titre conservateur à faire oublier la diminution de la part du budget fédéral allemand dévolu à l’aide à Kiev.
La Süddeutsche Zeitung, elle, voit derrière les déclarations du chancelier le signe que sa coalition est en difficulté, à un an des prochaines élections législatives. “L’Allemagne peine à trouver comment lutter contre l’immigration clandestine, alors que les récentes victoires du parti d’extrême droite AfD et de l’alliance Sarah Wagenknecht [un parti également anti-immigration] en Saxe et en Thuringe augmentent la pression sur le gouvernement, rappelle le journal progressiste munichois. Dans plusieurs régions d’Allemagne, il est déjà manifeste que l’idée de ne plus livrer d’armes à l’Ukraine peut rassembler une majorité.”
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