Guerre en Ukraine : les Occidentaux sur le point d’accéder à cette demande de Kiev malgré les menaces

Joe Biden et  Volodymyr Zelensky, ici en juillet 2024, vont s’entretenir à Washington le 13 septembre 2024 pour parler de l’utilisation des missiles longue portée.
BRENDAN SMIALOWSKI / AFP Joe Biden et Volodymyr Zelensky, ici en juillet 2024, vont s’entretenir à Washington le 13 septembre 2024 pour parler de l’utilisation des missiles longue portée.

GUERRE EN UKRAINE - Le Royaume-Uni et les États-Unis vont-ils traverser le Rubicon ? Les deux pays occidentaux réfléchissent à accepter que l’Ukraine, qui fait cette demande depuis plusieurs mois, puisse utiliser leurs missiles afin de frapper en profondeur la Russie. Mais Vladimir Poutine menace.

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La question sera au cœur de la rencontre à Washington entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Keir Starmer ce vendredi 13 septembre. L’ambassade d’Ukraine à Paris a confirmé au Monde que le président ukrainien Volodymyr Zelensky devait aussi se rendre dans la capitale américaine ce même jour.

Confrontée depuis deux ans et demi à l’invasion russe, l’Ukraine, dont les forces sont en difficulté face à l’armée russe dans l’Est, réclame inlassablement de pouvoir frapper plus loin des cibles en Russie avec des missiles occidentaux de longue portée.

Ce sujet épineux était déjà au cœur d’une rare visite conjointe mercredi à Kiev des chefs de la diplomatie américaine, Antony Blinken, et britannique, David Lammy. « L’Ukraine a été très préparée, très convaincante et très détaillée en ce qui concerne les missiles de longue portée lors de cette réunion. Il est important que nos partenaires aient reçu tous ces détails et signaux personnellement et de ma part », a souligné Volodymyr Zelensky.

Missiles Storm Shadow et ATACMS

Qui a également dénoncé : « Nous devons être francs : le retard dans le processus d’utilisation de (ces) armes (...) contre des cibles militaires sur le territoire de la Fédération de Russie (...) conduit à ce que la Russie déplace ces cibles militaires plus en profondeur » dans les terres.

Il faut dire que Kiev se trouve dans une situation très délicate. Malgré une offensive surprise lancée début août dans la région russe de Koursk, les forces ukrainiennes sont en difficulté sur le front Est et font face à l’avancée inexorable des troupes russes.

Selon les médias britanniques, Joe Biden s’apprêterait à lever le veto américain à l’utilisation par l’Ukraine de missiles de croisière Storm Shadow fournis par Londres contre des objectifs en Russie, mais pas les missiles tactiques ATACMS américains comme le demandent les Ukrainiens. Comme le précise le New York Times, la France aussi possède des missiles permettant à l’Ukraine de frapper la Russie loin de la frontière et pourrait être mêlée à l’effort.

Ces armes peuvent atteindre des cibles situées à 300 kilomètres de distance et permettraient d’atteindre des sites logistiques de l’armée russe ou des aérodromes d’où décollent les bombardiers. Toujours selon le quotidien américain, le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin estime toutefois que cette autorisation ne changerait pas le cours de la guerre, car il n’y a pas assez d’ATACMS pour maintenir une attaque. Ils pourraient néanmoins ralentir la progression russe dans l’est de l’Ukraine.

Vladimir Poutine menace l’Otan

Les pays occidentaux, dont les États-Unis, refusaient jusqu’à présent de donner leur feu vert à des frappes en profondeur sur le territoire russe, craignant une escalade pouvant mener à un conflit direct avec Moscou. Interrogé à ce sujet à Washington, le président américain Joe Biden a indiqué il y a quelques jours « être en train de réfléchir en ce moment même » à la question.

La donne a en effet changé en raison d’accusations selon lesquelles la Russie aurait récemment reçu des missiles balistiques de courte portée de la part de l’Iran, qui n’ont pour le moment pas été utilisés en Ukraine, selon Volodymyr Zelensky. Selon Washington, des dizaines de militaires russes ont été formés en Iran à utiliser le missile balistique Fath-360, qui a une portée de 120 kilomètres.

Le Kremlin a de son côté averti mercredi que la Russie fournirait une réponse « appropriée » si l’Ukraine était autorisée à utiliser ces armes contre son territoire. Jeudi, le président russe Vladimir Poutine a menacé : « Cela ne signifierait rien de moins qu’une implication directe des pays de l’Otan dans la guerre en Ukraine. Cela changerait la nature même du conflit. Cela signifierait que les pays de l’Otan sont en guerre contre la Russie. »

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