Guerre en Ukraine : Kiev de nouveau frappée après des bombardements en Russie qui ont fait un mort

Guerre en Ukraine : un mort après des bombardements en Russie, Kiev de nouveau frappée (Photo d’un impact de frappe ukrainienne dans un bâtiment russe à Moscou le 30 mai 2023)

Poutine a accusé l’Ukraine de chercher à « terrifier » les Russes après une attaque de drones sans précédent ce mardi contre Moscou et sa région, au moment où Kiev subissait une nouvelle vague de frappes meurtrières.

GUERRE EN UKRAINE - Une personne a été tuée et deux autres blessées ce mardi 30 mai dans un bombardement ukrainien sur un centre pour déplacés dans la région frontalière de Belgorod, a annoncé le gouverneur Viatcheslav Gladkov.

« Les forces armées ukrainiennes ont tiré à l’artillerie sur un centre pour déplacés abritant des civils âgés et des enfants (...) un garde de sécurité a été tué et deux personnes blessées », a indiqué Gladkov sur Telegram.

Vladimir Poutine a accusé l’Ukraine de chercher à « terrifier » les Russes après une attaque de drones sans précédent ce mardi contre Moscou et sa région, au moment où Kiev subissait une nouvelle vague de frappes meurtrières. Plusieurs drones se sont abattus à l’aube sur des immeubles de la capitale russe, située à plus de 500 kilomètres de l’Ukraine, prenant de court des habitants pour qui le conflit semblait lointain.

De son côté, la Russie a récemment concentré ses attaques quasi-quotidiennes sur Kiev, tirant des missiles et des drones aux premières heures du jour, et même dans la journée, dans le but d’épuiser les défenses anti-aériennes ukrainiennes, estiment officiels et experts.

« Et puis, soudain, c’est arrivé près de chez nous »

Selon les autorités russes, huit drones ont été détectés à Moscou et dans sa région, tous ont été neutralisés, mais certaines épaves sont tombées sur des habitations. « On dormait tous, il était quatre heures du matin, puis il y a eu deux explosions et les alarmes de toutes les voitures se sont déclenchées » dans la rue, raconte à l’AFP Maxime, un douanier de 40 ans qui habite près d’un immeuble touché dans le sud-ouest de Moscou.

« Je pensais que tout ça était loin, que ça ne nous concernait pas. Et puis, soudain, c’est arrivé près de chez nous », lance Tatiana Kalinina, une retraitée vivant dans un autre quartier de la capitale touché par la chute d’un drone.

Dans ce quartier, l’AFP a vu un immeuble dont plusieurs vitres ont volé en éclats et dont l’accès était barré par un cordon policier. Certains habitants évacués sirotaient du thé dans une école située à proximité en regardant à la télévision une vieille comédie soviétique.

« Intimider les citoyens russes »

Si l’Ukraine a démenti toute implication, Poutine l’a accusée de vouloir « terrifier la Russie » et « intimider les citoyens russes », tout en se disant « satisfait » de la défense antiaérienne russe, qui a intercepté les drones.

Le président russe a estimé que cette attaque était une riposte à une récente frappe russe sur le quartier général des services de renseignement militaires ukrainiens. Kiev n’a pas fait état récemment de frappe sur ce bâtiment. La diplomatie russe a par ailleurs accusé les pays occidentaux d’être responsables, par leur soutien à Kiev, de l’attaque « irresponsable » contre Moscou.

Les États-Unis ont de leur côté une nouvelle fois répété leur position de principe mardi, à savoir qu’ils « ne soutiennent pas les attaques à l’intérieur de la Russie ». « Nous sommes concentrés sur la fourniture à l’Ukraine de l’équipement et de l’entraînement nécessaires pour reprendre son propre territoire souverain », a déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine.

Une attaque spectaculaire et inédite, mais tout de même modeste

Bien que spectaculaire et inédite par son ampleur, l’attaque contre Moscou reste modeste par rapport aux vagues de missiles et de drones russes que la capitale ukrainienne subit depuis plusieurs jours.

Une personne a encore été tuée et onze habitants ont été blessés à Kiev dans la nuit de lundi à mardi dans une nouvelle salve, la troisième en 24 heures, ont annoncé les autorités locales. L’armée de l’air ukrainienne a déclaré avoir abattu 29 drones explosifs de fabrication iranienne sur 31 lancés dans la nuit de lundi à mardi, « presque tous près de la capitale et dans le ciel de Kiev ».

Par contraste, Moscou et sa région n’ont été jusqu’à présent que très rarement visées par des attaques de drone depuis le début du conflit, même si ce type d’attaque s’est multiplié ailleurs en Russie.

Début mai, deux drones ont été abattus au-dessus du Kremlin, le siège du pouvoir russe, lors d’une spectaculaire attaque imputée à l’Ukraine. Ces derniers mois, des drones ont également pris pour cible des bases militaires ou des infrastructures énergétiques en Russie. Pour Tatiana Stanovaïa, analyste au Centre Carnegie Russie Eurasie, il est « étonnant de voir comment les autorités russes minimisent unanimement l’importance des attaques de drones sur les villes russes ».

Limiter la contre-offensive ukrainienne...

La Russie a récemment concentré ses attaques quasi-quotidiennes sur Kiev, tirant des missiles et des drones aux premières heures du jour, et même dans la journée, dans le but d’épuiser les défenses anti-aériennes ukrainiennes, estiment officiels et experts.

Bien que l’Ukraine affirme avoir réussi à intercepter la plupart de ces projectiles et n’avoir à déplorer que deux morts à la suite de chutes de débris, ces frappes intriguent, Kiev étant éloignée des principaux fronts et ne constituant pas un objectif militaire majeur.

Des officiels et des analystes estiment que le but de ces tirs est de gêner les préparatifs de la grande offensive de printemps prévue par Kiev, ainsi que d’épuiser ses capacités de défense aérienne. « C’est leur réaction aux préparatifs de la contre-offensive ukrainienne », a assuré à l’AFP un haut-responsable ukrainien, qui a demandé à rester anonyme. « L’attaque attendue les rend nerveux ».

« Ils tentent de limiter nos capacités : vider notre stock de missiles sol-air et détourner nos forces », a-t-il ajouté, soulignant le faible coût des drones de fabrication iranienne Shahed employés par Moscou par rapport aux missiles de défense anti-aérienne modernes tirés par l’armée ukrainienne.

... Et se venger

Selon le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Youriy Ignat, les dernières frappes font aussi partie d’une opération psychologique. Il les a qualifiées de « vengeance » à la suite des « échecs » de la Russie sur la ligne de front, destinée à satisfaire l’opinion publique russe et à tenter de « semer la panique dans la population ukrainienne ».

« Bien entendu, ces frappes sont irritantes, comment pourraient-elles ne pas l’être ? », a ajouté le haut-responsable, sous couvert de l’anonymat. Mais, pendant la Seconde guerre mondiale, « les Allemands ont bombardé Londres pendant cinq ans, et plus durement que les Russes n’ont bombardé Kiev, et qu’est-il advenu ? ».

Si la Russie espère que les Ukrainiens démoralisés pousseront le président Volodymyr Zelensky à entamer des pourparlers de paix, cela montre « qu’ils ne connaissent pas très bien notre psychologie », a ajouté Kovalenko.

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