Guerre en Ukraine : Kiev se justifie de la vaste incursion armée en Russie
INTERNATIONAL - Une percée à la frontière russe. Alors que la Russie multiplie les affirmations concernant une incursion ukrainienne sur son territoire depuis mardi, les autorités ukrainiennes n’avaient jusqu’à présent pas fait de commentaire à ce sujet. Mais ce jeudi 8 août, un conseiller de l’administration présidentielle ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, s’est finalement exprimé à ce sujet.
Si Mykhaïlo Podoliak n’a pas clairement attribué cette attaque à l’armée ukrainienne, il a estimé dans une publication sur X que « la cause première de toute escalade, de tout bombardement, de toute action militaire (...) y compris dans les régions (russes) de Koursk et de Belgorod est uniquement l’agression sans équivoque de la Russie », autrement dit son invasion de l’Ukraine menée depuis plus de deux ans.
« La Russie a toujours cru que les normes juridiques restrictives ne s’appliquaient pas à elle et qu’elle pouvait ainsi attaquer les territoires des pays voisins en toute impunité et exiger hypocritement… l’inviolabilité de son propre territoire », a poursuivi Mykhaïlo Podoliak. « Mais la guerre est la guerre, avec ses propres règles, l’agresseur y paye inévitablement les conséquences correspondantes », a-t-il conclu.
Un revers inattendu pour le Kremlin
Cette incursion qui a débuté mardi et se poursuit ce jeudi constitue un revers inattendu pour le Kremlin, dont l’armée était à son avantage jusque-là sur le front en Ukraine. Selon les déclarations de l’état-major russe, l’armée ukrainienne a lancé l’assaut avec jusqu’à 1 000 soldats et des véhicules blindés, dans la région frontalière de Koursk.
« L’opération de destruction des formations de l’armée ukrainienne se poursuit », a déclaré jeudi le ministère russe de la Défense dans un communiqué. D’après ce dernier, les militaires russes « mettent en échec » les « tentatives » ukrainiennes de « pénétrer profondément » dans la région de Koursk et infligent de lourdes pertes au camp adverse.
L’armée russe avait initialement assuré mardi avoir obligé les troupes de Kiev à « se replier » en Ukraine, avant d’enlever cette allégation d’un de ses communiqués. Puis, le lendemain, Vladimir Poutine est apparu visiblement en colère à la télévision russe, dénonçant une « provocation à grande échelle » de la part de l’Ukraine.
La ville russe de Soudja pénétrée par les forces ukrainiennes
Si la communication officielle russe se veut rassurante - les autorités régionales évoquant encore jeudi une situation « stable et sous contrôle » -, le tableau dressé par des experts militaires est plus alarmiste. L’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), qui siège aux États-Unis, a ainsi estimé dans son dernier rapport que les Ukrainiens avaient avancé jusqu’à 10 kilomètres de profondeur et pénétré à l’intérieur d’« au moins deux lignes de défense russes ».
Selon plusieurs analystes, les soldats ukrainiens ont atteint Soudja, une ville russe d’environ 5 500 habitants située à une dizaine de kilomètres de la frontière et qui abrite une station de gaz fournissant toujours l’Europe via l’Ukraine. Mercredi soir, la chaîne Rybar, proche de l’armée russe, a affirmé que les forces ukrainiennes avaient « pris la moitié ouest de (la ville de) Soudja ».
Un blogueur, Iouri Podoliaka, dont la chaîne Telegram est suivie par près de trois millions d’abonnés, a quant à lui considéré jeudi matin que Soudja était « perdue », la disant « remplie de soldats ukrainiens. » Selon lui, les Ukrainiens ont aussi progressé en direction de la cité de Korenevo, à plus de 25 kilomètres de la frontière.
Les autorités de la région de Koursk ont pour leur part instauré mercredi l’état d’urgence face une situation jugée « difficile » pour la population civile. Environ 3 000 personnes ont déjà été évacuées, dont 1 500 dans des centres d’hébergement provisoires, ont fait savoir les autorités régionales.
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