Guerre en Ukraine : qui est ce général, « le plus soviétique » de l’armée ukrainienne, à la tête l’incursion à Koursk ?
INTERNATIONAL - Il est le « héros de l’Ukraine », mais aussi un « boucher » devenu indispensable à Kiev face à la guerre initiée par la Russie. Le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, est celui qui, depuis plus d’une semaine, mène l’attaque d’une ampleur sans précédent des forces de Kiev sur le territoire russe, notamment à Koursk.
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À 59 ans, il est aux commandes de cette opération ambitieuse et risquée d’une incursion en territoire russe, ceci afin de « déplacer la guerre sur le territoire de l’agresseur », comme l’a résumé Volodymyr Zelensky. En effet, après des mois de revers face à l’armée russe dans l’est de l’Ukraine, les troupes de Kiev ont traversé la frontière le 6 mai, lançant la plus grande offensive en territoire russe d’une armée étrangère depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mais qui est cet Oleksandre Syrsky, qui a remplacé Valeri Zaloujny en février dernier ?
Il a fait ses armes en Russie
Oleksandre Syrsky est né en 1965 dans la région de Vladimir (à l’est de Moscou), au temps où la Russie s’appelait encore URSS. Il a fait ses études militaires dans la capitale, à l’école de commandement de l’Armée rouge, comme l’essentiel des hauts gradés de sa génération, explique l’AFP.
Dès les années 1980, il est déployé en Ukraine, à l’époque république soviétique. Mais à la chute de l’URSS, il décide de ne pas retourner en Russie et rejoint les rangs de la nouvelle armée de l’Ukraine indépendante. Il poursuit des études à l’université de la défense nationale à Kiev avant d’occuper une série de postes militaires haut placés dans ce pays.
À la tête de l’armée ukrainienne depuis plus de six mois, il reste qualifié de « général le plus soviétique » à Kiev, souligne Le Temps. « Cela me permet de lire dans les pensées de l’ennemi », s’était-il défendu à ce sujet dans une de ses rares interviews au début de la guerre.
Impliqué dans bon nombre de victoires ukrainiennes
S’il n’a guère une image d’icône nationale, contrairement à son prédécesseur, Oleksandre Syrsky est une figure clé de l’armée ukrainienne, surtout depuis le début de l’invasion russe en février 2022.
Cet ex-chef de l’armée de terre a pour fait d’armes la défense de Kiev au début de l’assaut russe, participant à faire échouer le plan du Kremlin de faire plier l’Ukraine en quelques jours. Début avril 2022, quelques jours après la retraite des forces russes de la région de Kiev, Volodymyr Zelensky a remis au général le titre de « héros de l’Ukraine », la plus haute distinction nationale.
Six mois plus tard, à l’automne 2022, c’est encore Syrsky qui est aux commandes quand l’armée ukrainienne inflige une deuxième humiliation à Moscou en chassant l’envahisseur de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine.
Pour l’analyste politique ukrainien Volodymyr Fessenko, interrogé par l’AFP, l’offensive de Koursk est caractéristique du « style Syrsky » et ressemble beaucoup à celle de Kharkiv, « rapide, inattendue et atypique ».
« Syrsky a joué un rôle-clé » dans l’attaque de Koursk, a confirmé à l’AFP un haut responsable ukrainien du secteur de la sécurité sous couvert d’anonymat. « Le fait que, dans les conditions les plus difficiles, il ait pu mettre au point cette opération et la réalise montre qu’il est une grande figure militaire », a-t-il ajouté. « C’est un général très compétent et bien formé. »
L’une de ses qualités serait aussi de ne jamais dire non au président, précise Le Temps. Le quotidien suisse souligne que le site spécialisé Glavkom, proche des militaires ukrainiens, le décrivait dès janvier 2023 comme le « général préféré de Volodymyr Zelensky ». Comme le rapporte L’Express, le président l’a en tout cas qualifié de « général le plus expérimenté d’Ukraine ».
Un général « dur »
S’il se limite souvent aux communications officielles austères, Syrsky n’est pas pour autant un homme de bureau et l’armée diffuse volontiers des images le montrant armé et casqué jusque dans les tranchées, serrant la main ou riant avec des soldats, souligne l’AFP. Question caractère, il est considéré comme un ascète, un travailleur acharné et un planificateur hors pair, précise Le Monde.
Après sa nomination, certains lui reprochaient une approche trop similaire à celle des généraux soviétiques, réputés insensibles aux pertes. Pour lui, la fin justifierait les moyens. Ce que lui a valu d’être parfois qualifié de « boucher ». « Syrsky est mal perçu […] c’est un homme de l’école soviétique », a commenté cette semaine auprès de l’AFP un sergent ukrainien répondant au nom de guerre « Lountik », qui avait défendu Kiev avant d’être déployé dans l’Est.
« Ce surnom de “boucher” l’offense beaucoup. Et il n’est pas du tout vrai », assure le haut responsable ukrainien cité par l’AFP. Selon lui, le général fait de son mieux pour « minimiser les pertes » de ses troupes. « Il est très dur, mais un général d’armée doit être dur. »
Sa famille toujours en Russie
Très discret sur sa vie personnelle, Oleksandre Syrsky est marié et père de deux fils. Mais ses parents octogénaires et son frère habitent toujours en Russie.
Après sa nomination à la tête de l’armée ukrainienne, son frère Oleg, garde dans un supermarché à Vladimir, a dit à l’agence de presse d’État russe TASS ne pas être en contact avec lui. Et, selon le quotidien britannique The Guardian, leur mère, Lioudmila, semble souvent mettre des mentions « j’aime » sur des publications soutenant l’invasion russe de l’Ukraine sur les réseaux sociaux.
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