Guerre en Ukraine : "Une arme nucléaire tactique anéantirait une ville comme Paris"

Déclarations intimidantes laissant envisager le recours au feu nucléaire ou une troisième guerre mondiale, tests de nouveaux missiles pouvant emporter une dizaine d’ogives… La menace d’une attaque atomique plane depuis les premiers jours de la guerre en Ukraine, faisant craindre à certains analystes la fin d’un tabou. Chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, Olivier Lepick analyse cette rhétorique du pire et détaille l’arsenal russe en la matière, composé à la fois d’armes stratégiques et tactiques.

Sciences et Avenir : L’armée russe a annoncé, le 20 avril 2022, avoir effectué le premier tir d’essai réussi d’un nouveau type de missile balistique à très longue portée, le RS-28 Sarmat. Surnommé "Satan-2" et pesant plus de 200 tonnes, celui-ci pourrait atteindre des cibles jusqu’à 18.000 kilomètres de distance et emporter une dizaine d’ogives nucléaires. Une arme "sans équivalent dans le monde", a claironné Vladimir poutine, qui serait capable de "déjouer tous les systèmes anti-aériens" et "fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer le pays". Comment interpréter ces déclarations ?

Olivier Lepick : La Russie entend rappeler, une fois de plus depuis le début de la guerre en Ukraine, qu’elle est une puissance nucléaire possédant plus de 6000 charges atomiques. Et le message est adressé surtout aux États-Unis. Cette rhétorique est néanmoins récurrente chez Vladimir Poutine. Lorsqu’il évoque les armements et capacités militaires russes, c’est toujours avec des termes menaçants et pour souligner leur excellence tout comme leur caractère extraordinaire – une supériorité qui défierait tout système de protection. Mais ce discours contraste avec la réalité opérationnelle d’une armée qu’on pensait efficace et modernisée. On constate plutôt qu’elle n’est pas très différente de celle qui avait repoussé l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est mal équipée, avec des tactiques un peu obsolètes et une logistique très déficiente. Dans la lignée de la tradition militaire russe, elle se montre en outre très peu économe envers la vie de ses hommes. On ne peut pas dire que l’armée russe brille sur le terrain depuis une cinquantaine de jours.

Dès le 27 février, soit trois jours après le début de la guerre, Vladimir Poutine avait déjà brandi la menace nucléaire, ordonnant à son ministre de la Défense et à son chef d’état-major de "mettre les forces de dissuasion en régime spécial d’alerte de combat". Qu’est-ce que cela implique ?

Les forces de dissuasio[...]

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