Guerre en Ukraine: En Antarctique, des chercheurs coincés sur une base, faute de relève

Les 12 chercheurs communiquent régulièrement avec leurs familles (Photo d'illustration). (Photo: Cavan Images via Getty Images)
Les 12 chercheurs communiquent régulièrement avec leurs familles (Photo d'illustration). (Photo: Cavan Images via Getty Images)

GUERRE EN UKRAINE - “C’est vraiment angoissant d’être ici incapable de lutter contre l’occupation de ma patrie”. Ces mots, ce sont ceux d’Andrii Khytryi, anesthésiste et médecin urgentiste originaire de Poltava en Ukraine. L’Ukrainien est, comme 11 autres scientifiques, ingénieurs et personnels de soutien, coincé en Antarctique, dans la base Akademik Vernadsky, depuis le début de l’invasion de son pays par la Russie jeudi 24 février. Certains des chercheurs qui devaient les remplacer sont bloqués à Kiev et Kharkiv.

D’après les informations du magazine américain Wired parues ce lundi 7 mars, les 12 scientifiques arrivaient au terme de 13 mois de mission sur le “Continent Blanc” lorsque la guerre a éclaté. Depuis ils tentent tant bien que mal de ronger leur frein, à des milliers de kilomètres de leurs familles restées au pays.

“Pour certains, c’est presque insupportable. Parfois, le stress est si fort que je dois aider mes collègues avec des médicaments pour normaliser la tension artérielle ou l’insomnie”, raconte le médecin chargé de surveiller l’état physique et mental des autres membres de l’équipe, au mensuel. Et d’ajouter: “Je crois que j’aurais été beaucoup plus utile pour soigner les blessés dans une salle d’opération ou d’urgence, ou sur le terrain”.

“La distance ne fait pas de moi un étranger”

Les 12 scientifiques peuvent néanmoins suivre, grâce aux chaînes d’info en continu, tout ce qu’il se passe en Ukraine de là où ils sont. Et si les antennes paraboliques se retrouvent parfois sous la neige, ces derniers ont toujours accès à leurs applications, par lesquelles ils communiquent directement avec leur famille.

“La distance ne fait pas de moi un étranger. Je suis toujours lié à l’Ukraine par des liens mentaux: ma famille, mes amis, mes collègues, mes souvenirs et mes aspirations”, livre Andrii Khytryi. “Ils sont en sécurité. Ils restent dans des refuges, parfois ils sont chez eux”, confie de son côté Anton, biologiste originaire de Kharkiv, à Wired, alors que sa ville est bombardée depuis plusieurs jours.

Comme le souligne le mensuel américain, Andrii Khytryi, Anton ainsi que leurs 10 collègues scientifiques font partie de la 26e expédition ukrainienne en Antarctique depuis 1996. Après la chute de l’URSS en 1991, la Russie s’était appropriée les cinq stations de recherche soviétiques en Antarctique. L’Ukraine, qui souhaitait initialement en reprendre une, avait finalement racheté pour 1 livre sterling (1.21 euro) la base Faraday propriété du Royaume-Uni, qu’elle a par la suite renommée en l’honneur du chimiste russe Vladimir Vernadsky.

A en croire Wired, celle-ci devrait d’ailleurs bientôt recevoir de la visite puisque le Noosfera, un navire de recherche ukrainien, a quitté Odessa pour l’Antarctique le 28 janvier dernier, soit un mois avant l’invasion russe.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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