Guerre en Ukraine : évacuations, ripostes… Où en est l’incursion de Kiev en Russie ?
INTERNATIONAL - Voilà près d’une semaine que l’Ukraine a lancé une opération inédite pour faire une percée historique en Russie, après des mois de recul face aux soldats russes sur le front est. Dans cet assaut, des « milliers » de militaires sont déployés, forçant la Russie à prendre des mesures pour se protéger. Elle a notamment instauré ce week-end un régime « antiterroriste » dans trois régions frontalières de l’Ukraine.
Voici ce que l’on sait au sixième jour de cette incursion en territoire russe, dans la région frontalière de Koursk, qui a permis à l’Ukraine, selon des analystes, de prendre le contrôle de plusieurs localités. La Russie assure de son côté stopper les avancées adverses sur son sol et avoir envoyé des renforts.
• Incursion de plusieurs de kilomètres
Le ministère russe de la Défense a reconnu dimanche que des troupes ukrainiennes s’étaient enfoncées en profondeur dans la région de Koursk. Dans un communiqué, elle a affirmé avoir empêché « des tentatives de percées » de « groupes mobiles de blindés » ennemis près des localités de Tolpino, de Jouravli et d’Obchtchi Kolodez, situées à environ 30 kilomètres à vol d’oiseau de l’Ukraine.
Selon cette source, ces avancées ont été arrêtées, lors des dernières vingt-quatre heures, par des frappes aériennes, de drones et d’artillerie et l’envoi de réserves du groupement « Nord », déployé dans la région ukrainienne de Kharkiv.
Au moins 12 civils ont été tués et 121 blessés dans l’incursion depuis la semaine dernière dans la région, a annoncé ce lundi 12 août le gouverneur par intérim Alexeï Smirnov lors d’une réunion avec le président Vladimir Poutine. Au total, les forces ukrainiennes occupent 28 localités dans cette zone, a-t-il ajouté. Mais il a affirmé pour sa part que l’opération ukrainienne s’étendait sur une zone de 12 kilomètres de profondeur et 40 kilomètres de largeur.
Dimanche, l’armée russe a également affirmé avoir frappé avec des missiles l’artillerie des troupes ukrainiennes près des localités de Soudja, Korenevo, Staraïa Sorotchitsa et Borki, ainsi qu’avoir empêché une percée dans le district de Belovski, plus à l’est.
Enfin, dans la nuit de dimanche à lundi, elle affirme avoir « détruit » un total de 18 drones d’attaque ukrainiens dans trois régions de l’ouest russe (Koursk, Belgorod et Voronej), sans évoquer d’éventuels dégâts ou blessés.
• La Tchétchénie en renfort
Ramzan Kadyrov, qui dirige la Tchétchénie, a annoncé dimanche qu’une unité de ses combattants tchétchènes, considérés comme les soldats les plus brutaux et les plus endurcis du pays, était active dans la région de Koursk.
• Les évacuations en Russie se multiplient
Face à la situation, les autorités de la région de Belgorod ont annoncé ce lundi matin l’évacuation des habitants du district de Krasnoïaroujski « pour (leur) sécurité ». « La matinée s’annonce alarmante chez nous : il y a des activités ennemies à la frontière du district de Krasnoïaroujski », a déclaré dans une vidéo sur Telegram le gouverneur Viatcheslav Gladkov. Le district compte environ 14.000 habitants, selon les chiffres officiels.
Dans la région de Koursk, 121.000 personnes ont été évacuées ces dernières heures, a indiqué ce lundi 12 août le gouverneur Alexeï Smirnov. Il avait reconnu dimanche que la situation était « difficile » dans la région.
• Kiev veut « déplacer la guerre » en Russie
Après des jours de silence sur l’opération, le président ukrainien Volodymyr Zelensky en a pour la première fois reconnu l’existence dans son allocution quotidienne samedi soir, expliquant que Kiev cherchait à « déplacer la guerre sur le territoire de l’agresseur ».
« L’objectif est d’étirer les positions de l’ennemi, de lui infliger des pertes maximales, de déstabiliser la situation en Russie (...) et de transférer la guerre sur le territoire russe », a déclaré samedi soir un responsable ukrainien du secteur de la sécurité, s’exprimant auprès de l’AFP sous couvert d’anonymat.
Selon un responsable ukrainien interrogé par l’AFP, l’incursion visait initialement à détourner les forces russes des régions ukrainiennes de Kharkiv et du Donbass (est) pour alléger leur pression sur l’armée de Kiev, moins nombreuse.
Mais, pour l’instant, « leur pression dans l’est continue. Ils ne retirent pas leurs troupes de cette zone », même si « l’intensité » des attaques russes y a « un tout petit peu baissé ». L’attaque a cependant « pris les Russes au dépourvu » et « a vraiment renforcé notre moral », a poursuivi ce responsable.
• Poutine accuse Kiev de « semer la discorde »
Après avoir dénoncé une « provocation à grande échelle » mercredi 7 août, au lendemain de l’incursion, le président de la Fédération de Russie a affirmé sa volonté d’« expulser » les forces ukrainiennes de la région de Koursk. Il a aussi accusé l’Ukraine de vouloir « semer la discorde » au sein de la société russe, dans une réunion diffusée à la télévision.
Vladimir Poutine s’est par ailleurs offusqué d’une opération qui cherche selon lui à améliorer la position ukrainienne dans l’éventualité de pourparlers sur la guerre en Ukraine, s’alignant selon lui sur la « volonté » des Occidentaux.
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