Guerre en Ukraine : à Zaporijja, le risque d’accident nucléaire inquiète l’AIEA

La centrale nucléaire de Zaporijjia a été frappée ce jeudi 9 mars dans le sud-est de l’Ukraine, faisant craindre un accident nucléaire.
La centrale nucléaire de Zaporijjia a été frappée ce jeudi 9 mars dans le sud-est de l’Ukraine, faisant craindre un accident nucléaire.

UKRAINE - « Que faisons-nous pour empêcher » un accident dans la plus grande centrale nucléaire d’Europe ? Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a tiré, une nouvelle fois, la sonnette d’alarme après une frappe russe ce jeudi 9 mars qui a provoqué une coupure de courant à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia. Si l’alimentation a depuis été « rétablie », l’AIEA appelle à protéger les installations nucléaires.

« À chaque fois on joue avec le feu et si nous permettons à cette situation de se prolonger, un jour notre chance va tourner », a averti Rafael Grossi devant le Conseil des gouverneurs de l’instance onusienne à Vienne.

Le chef de l’AIEA, qui mène depuis plusieurs mois, sans succès, des consultations avec Kiev et Moscou pour mettre en place une zone de protection autour du site, a appelé la communauté internationale au sursaut. « Nous devons nous engager à protéger la sécurité du site, et nous devons nous y engager maintenant », a-t-il lancé, se disant « étonné » par la passivité actuelle.

Sixième mise à l’arrêt

Selon Energoatom, l’opérateur ukrainien, « des attaques de missiles » russes ont entraîné ce jeudi matin la déconnexion de la dernière ligne reliant encore la centrale au réseau, et 18 générateurs diesel de secours ont été enclenchés pour assurer une alimentation minimale des systèmes de sécurité. L’alimentation a été depuis « rétablie » à la centrale.

« Actuellement, la centrale (...) est passée en mode ’black out’ pour la sixième fois depuis l’occupation, les réacteurs des unités 5 et 6 ont été mis (à l’arrêt) à froid », avait averti l’opérateur, craignant un risque d’accident nucléaire, si l’alimentation électrique ne revenait pas rapidement.

L’électricité est en effet essentielle pour faire tourner les pompes assurant la circulation d’eau. Il faut en effet constamment refroidir le combustible des cœurs des réacteurs ainsi que celui placé dans les piscines d’entreposage, pour éviter un accident de fusion et des rejets radioactifs dans l’environnement.

Précédemment, l’opérateur nucléaire ukrainien avait prévenu que les mises à l’arrêt à répétition de la centrale entraînaient « une dégradation graduelle de tous ses systèmes et de son équipement ».

« La France a pris note avec préoccupation »

Ces nouvelles frappes constituent « un risque inacceptable pour la sécurité et la sûreté nucléaires », a de son côté estimé jeudi Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. « La France a pris note avec préoccupation des informations relatives à une nouvelle déconnexion de la centrale de Zaporijjia », a-t-elle ajouté.

La France « continuera à soutenir l’action de l’AEIA en faveur de la sûreté et de la sécurité nucléaires en Urbaine et, notamment, les efforts de son directeur général en vue de l’établissement d’une zone de protection autour de la centrale ». Anne-Claire Legendre a par ailleurs répété que les « crimes de guerre » commis par la Russie en Ukraine « ne peuvent rester impunis ».

L’armée russe a occupé cet immense complexe nucléaire du sud de l’Ukraine dès le 4 mars 2022, neuf jours après le début de son invasion. La centrale, qui produisait auparavant 20 % de l’électricité ukrainienne, a continué à fonctionner les premiers mois de l’invasion, malgré des périodes de bombardements, avant d’être mise à l’arrêt en septembre.

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