Guerre en Ukraine: à la télévision russe, les propagandistes changent de ton

Vladimir Soloviov, présentateur vedette de Rossiya 1 - Capture d'écran
Vladimir Soloviov, présentateur vedette de Rossiya 1 - Capture d'écran

Fini le ton victorieux, qui promettait aux citoyens une guerre éclair et une conquête complète de l'Ukraine. Désormais, à la télévision russe, le ton des propagandistes acquis au Kremlin se fait plus mesuré. Sur la télévision d'État Rossiya 1, le très populaire et regardé présentateur Vladimir Soloviov s'est montré étonnamment mesuré pour évoquer le conflit russo-ukrainien dimanche soir.

"J'aurais préféré qu'on attaque Kiev demain et qu'on la prenne. Mais je suis conscient que 300.000 hommes sont mobilisés. Ça demande du temps pour les former, pour coordonner les combats. Ça demande également du temps pour qu'ils aient tout ce dont ils ont besoin pour rentrer dans la bataille", a-t-il déclaré, le visage grave.

Avant d'appuyer: "on ne s'attend pas à des bonnes nouvelles. On a besoin d'une volonté forte et d'une patience stratégique. Nous nous battons contre le satanisme, dans sa forme la plus pure".

La faute de l'Occident

Le nouvel argumentaire avancé par Moscou est désormais clair. Oui, l'avancée de l'armée russe ne se fait pas aussi rapidement qu'espéré. Mais cela s'explique car l'ennemi a changé de taille. Désormais, ce n'est plus Kiev que combat le Kremlin, mais l'Occident et l'Otan.

"Les propagandistes expliquent que la situation est plus difficile car nous ne combattons plus les 'ukro-nazis', nous combattons l'Occident", a déclaré sur le plateau de BFMTV Anna Colin Lebedev, maîtresse de conférences, spécialiste des sociétés post-soviétiques.

Sur le terrain, la situation est en effet complexe pour Moscou. Les quatre territoires ukrainiens annexés officiellement vendredi par Vladimir Poutine ne sont contrôlés qu'en partie par les Russes. Pire encore, l'armée ukrainienne y regagne chaque jour du terrain. Moscou a annoncé ce week-end s'être retiré de Lyman dans l'Est du pays, après que les Ukrainiens aient réussi à y encercler les forces russes.

Le colonel Michel Goya, consultant défense BFMTV, estime même que "l'armée ukrainienne est désormais plus forte, plus volumineuse". "Les Ukrainiens ont désormais l'initiative des opérations", a-t-il avancé sur notre plateau.

Les ratés de la mobilisation

Autre changement notable observé au sein des propagandistes russes: la reconnaissance de ratés concernant la mobilisation partielle annoncée par Vladimir Poutine. Le maître du Kremlin a lui-même reconnu que des ratés devaient être corrigés, après que des personnes de 50 ans aient été appelées sous les drapeaux.

Comme l'a repéré le journaliste de la BBC Francis Scarr, le présentateur Vladimir Soloviov a également reconnu des errements, appelant à "tirer une balle" sur les officiers de recrutements incriminés.

Article original publié sur BFMTV.com