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Guerre en Ukraine : à Bakhmout, de « violents combats » pour le centre-ville en cours

Des soldats ukrainiens avec des missiles qu’ils s’apprêtent à lancer sur l’armée russe, le 11 mars 2023 près de Bakhmout.
Des soldats ukrainiens avec des missiles qu’ils s’apprêtent à lancer sur l’armée russe, le 11 mars 2023 près de Bakhmout.

GUERRE EN UKRAINE - Combien de temps va encore tenir Bakhmout ? Depuis plusieurs semaines, les forces russes font pression sur l’armée ukrainienne autour de cette ville de l’Est du pays. Ce lundi 13 mars, c’est pour le centre de cette cité de 70 000 habitants que de « violents combats » ont lieu, a indiqué le commandant de troupes terrestres ukrainiennes. Ces informations sont confirmées du côté russe.

Les Russes « attaquent depuis plusieurs directions » pour « avancer vers les quartiers centraux », a indiqué Oleksandre Syrsky cité par le centre de presse de l’armée. « Plus nous sommes proches du centre-ville, plus durs sont les combats », lui a fait écho Evguéni Prigojine, patron du groupe paramilitaire russe Wagner.

Ligne de front autour de Bakhmout, le 10 mars 2023.
Ligne de front autour de Bakhmout, le 10 mars 2023.

Oleksandre Syrsky a toutefois assuré que ses troupes « infligeaient des pertes significatives à l’ennemi ». « Avec le feu d’artillerie, de chars (...) toutes les tentatives de s’emparer la ville sont repoussées », a-t-il fait valoir. Pour le commandement ukrainien, il s’agit de tenir le plus longtemps possible, afin que la Russie y use un maximum d’hommes, d’armements et de munitions et qu’elle se retrouve affaiblie lorsque l’Ukraine lancera sa contre-offensive.

Bakhmout va bientôt tomber, craint l’Otan

L’Ukraine compte s’attaquer à l’armée russe dans les semaines ou mois à venir pour reprendre les territoires occupés, après de premiers succès en 2022 dans le Sud, le Nord et l’Est. Pour cela, elle compte sur la livraison d’armements occidentaux, notamment des chars et des munitions d’artillerie d’une portée de plus de 100 km. Européens et Américains en ont promis, mais leur acheminement est lent et difficile.

Evguéni Prigojine a reconnu que ses forces se heurtaient à une féroce résistance. « La situation à Bakhmout est difficile, très difficile. L’ennemi se bat pour chaque mètre », a-t-il déclaré dans un message sur les réseaux sociaux. « Les Ukrainiens jettent des réserves sans fin (au combat) », a-t-il ajouté.

Le patron de Wagner avait affirmé dès samedi que ses hommes se trouvaient près du centre de la ville. « C’est le bâtiment de l’administration municipale, le centre administratif de la ville », avait-il déclaré, pointant du doigt, du toit d’un bâtiment, un autre édifice, en guise d’illustration de cette avancée.

Dans ce contexte, la vice-Première ministre ukrainienne Olga Stefanichyna a concédé dimanche qu’il « dev(enait) compliqué pour nous de résister et de dissuader » les forces à Bakhmout. « Nous estimons que l’armée russe a déjà perdu 150 000 hommes depuis l’an dernier dans ses offensives militaires sur notre sol. La masse humaine de son infanterie est une arme redoutable, elle semble inépuisable en volume et dans le temps », a-t-elle déclaré.

Bakhmout pourrait tomber « dans les prochains jours », avait aussi averti la semaine passée le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

Bakhmout, une ville plus symbolique que stratégique

Les Russes essaient depuis plusieurs semaines d’encercler cette ville avant le conflit et ont réussi à couper plusieurs routes importantes pour le ravitaillement des soldats ukrainiens. Épicentre actuel du conflit, la ville est déjà prise en tenaille au nord, au sud et à l’est.

Si les observateurs doutent de l’importance stratégique de Bakhmout en elle-même, cette bataille - la plus longue depuis le début de l’offensive russe il y a plus d’un an - a acquis une valeur symbolique, tant pour Kiev que pour Moscou, qui voudrait obtenir là une victoire après plusieurs revers humiliants.

Dans ce contexte, certains en Ukraine s’interrogent sur la nécessité pour les forces de Kiev de se battre pour cette ville dont la défense implique de lourdes pertes aussi pour l’armée ukrainienne.

« Nous comprenons qu’après Bakhmout, ils pourraient aller plus loin. Ils pourraient aller à Kramatorsk, ils pourraient aller à Sloviansk, la voie serait libre pour les Russes (...) vers d’autres villes d’Ukraine », craignait néanmoins Volodymyr Zelensky dans une interview à CNN diffusée le 8 mars.

L’armée russe poursuit parallèlement ses attaques dans d’autres régions. Les autorités régionales ukrainiennes ont ainsi annoncé dimanche que les frappes russes sur Kherson, une cité méridionale libérée par l’armée de Kiev en novembre après plusieurs mois d’occupation, avaient fait au total la veille trois morts et trois blessés civils.

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