La guerre Israël-Hamas fragilise la Nupes : près de la moitié des électeurs de l’alliance disent stop - EXCLUSIF
POLITIQUE - Un point de non-retour ? L’alliance des partis de gauche à l’Assemblée nationale apparaît particulièrement fragilisée depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre dernier et les débats provoqués par cette crise au Proche-Orient dans la sphère politique française.
Après plusieurs polémiques, nées notamment de la réaction de la France insoumise dont l’état-major a rechigné à qualifier le Hamas de mouvement « terroriste », certains ont plus ou moins pris leur distance avec la Nupes. Nombreuses sont les voix à s’être élevées contre la position mélenchoniste et pour demander du changement.
L’écologiste Yannick Jadot par exemple jugeait « obsolète » le cadre de l’alliance, mi-octobre dans nos colonnes. Plus offensif encore, le Parti socialiste a été jusqu’à prononcer un moratoire sur son appartenance à la coalition, gommant au passage la référence « Nupes » de la dénomination de son groupe parlementaire au Palais Bourbon. Autant de dissensions, récurrentes, qui se reflètent dans l’opinion.
Moins d’un tiers des électeurs Nupes sont encore conquis
Selon un sondage mené par YouGov pour Le HuffPost à la fin du mois d’octobre, près de la moitié des Français qui se déclarent proches de l’alliance n’en veulent plus. Dans le détail, 48 % d’entre eux se disent « favorables à la fin de l’union des partis de gauche qui forme la Nupes ». Ils ne sont que 27 % à se dire opposés à cela, quand 25 % ne se prononcent pas.
Des données plus négatives encore qu’à l’échelle de la population. Les personnes sondées, toutes tendances confondues, sont 42 % à se prononcer pour la fin de l’entente des socialistes, insoumis, communistes et écologistes au Palais Bourbon. C’est 6 points de moins que le segment précis des électeurs de la Nupes.
La position de LFI sur le Hamas désavouée
Difficile, dans ce contexte, de ne pas faire un lien avec les bisbilles à gauche, aggravées ou exacerbées par la résurgence du conflit au Proche-Orient. Toujours selon notre sondage, seuls 16 % des Français et 26 % des électeurs de l’alliance approuvent le choix fait par l’état-major de la France insoumise de ne pas qualifier d’emblée de « terroriste » le mouvement islamiste Hamas. Une position sémantique, à rebours de l’immense majorité de la classe politique, qui a fait couler beaucoup d’encre.
Mardi 31 octobre, à nouveau, plusieurs dirigeants de la France insoumise ont réclamé à Olivier Faure un « moratoire » sur les « calomnies et les mensonges. » Le premier secrétaire du Parti socialiste venait de déplorer, sur France 2, « que l’on puisse à la fois dire en France la police tue, et en même temps (...) ne pas arriver à dire que le Hamas tue et que le Hamas est un mouvement terroriste ».
Quand 80 % des électeurs de gauche voulaient l’alliance
Une formule refusée par les mélenchonistes, et un épisode qui a provoqué une énième poussée d’urticaire au sein de la coalition. Dans ce contexte, les motifs d’espoir son rares. L’aggravation du conflit au Proche-Orient, et le bombardement intensif de la bande de Gaza par Israël, continue de morceler l’alliance.
Les socialistes ne participeront pas aux marches pour la paix, samedi, partout en France, à l’appel des autres partis de gauche et de nombreuses associations et syndicats. Le chef des roses au Sénat, Patrick Kanner, regrettait mercredi sur Radio J, qu’il n’y ait « pas un mot sur le Hamas, pas un mot sur les otages », dans le communiqué publié en marge de ces rassemblements en exhortant ses partenaires à ne pas « attiser les haines ».
Autant de critiques et de données peu reluisantes pour la fameuse Nupes qui tranchent avec les espoirs suscités par cette coalition au printemps 2022. Dans un sondage mené par YouGov au début du mois de mai de cette année, alors que les partis discutaient ardemment pour s’entendre aux législatives, 80 % des électeurs de gauche approuvaient le principe de l’alliance longtemps réclamée. Cruel différentiel.
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