Guerre Israël-Hamas : Benjamin Netanyahu esquisse pour la première fois des excuses pour le 7 octobre
INTERNATIONAL - Il s’était toujours refusé à le faire. Depuis les attaques commises par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, Benjamin Netanyahu n’avait présenté aucune excuse au peuple israélien. Seuls le Shin Bet, service de renseignement intérieur, et Tsahal avaient jusque-là reconnu un échec dans la prévention de ces attentats.
Dans une interview au Time publiée ce jeudi 8 août, le Premier ministre israélien esquisse pour la première fois des regrets. « Bien sûr, je suis profondément désolé qu’une telle chose se soit produite, déclare-t-il. Je regarde systématiquement en arrière et je me dis : “Aurait-on pu faire des choses qui auraient pu empêcher cela ?” »
La riposte disproportionnée à Gaza, la montée de l’antisémitisme à travers le monde, l’opposition d’une partie de la jeunesse... Aucune question n’est éludée dans cet entretien-fleuve. « Être détruit aurait des conséquences plus importantes encore sur la sécurité d’Israël [...] Je préfère avoir mauvaise presse qu’une bonne nécrologie », expose Benyamin Netanyahou, à la tête d’une coalition de partis d’extrême droite.
Israel's embattled Prime Minister Benjamin Netanyahu answers questions on Gaza, Iran, and his country's future https://t.co/3SyW5Vvz7p pic.twitter.com/KqwTBxhMOj
— TIME (@TIME) August 8, 2024
Beaucoup, y compris dans son camp, l’exhortent à mettre fin à la guerre à Gaza, qui a déjà fait plus de 40 000 morts et brisé la vie de centaines de milliers de familles. Des très proches lui susurrent même que le Hamas n’est aujourd’hui plus en capacité de commettre un nouveau 7 octobre. Mais Netanyahou n’en démord pas. Il explique au célèbre journal américain : « Notre objectif est de détruire complètement les capacités militaires et gouvernementales du Hamas ».
Blocage de l’aide humanitaire
Et les civils palestiniens, qui subissent directement les représailles sanguinaires de Netanyahou sans être responsables du 7 octobre ? « Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire depuis le début de la guerre », évacue le principal intéressé, qui cite l’aide fournie par Israël via des camions de nourriture et des largages aériens.
En réalité, de nombreuses ONG ont montré que les livraisons d’aide humanitaire étaient régulièrement bloquées par Israël. Début avril, sous la pression internationale, l’État hébreu avait tout de même autorisé la livraison « temporaire » d’aide à Gaza.
Le traumatisme dans la société israélienne est tel que 70 % des habitants considèrent aujourd’hui que Netanyahou doit démissionner. « Il se concentre davantage sur sa longévité au pouvoir que sur les intérêts du peuple israélien ou de l’État d’Israël », avait sévèrement jugé l’ancien Premier ministre Ehud Barak en novembre.
L’objectif de Benjamin Netanyahou, le même depuis plusieurs mois, est d’éradiquer complètement le Hamas. Une fois cet objectif atteint, si tant est qu’il l’atteigne, est de reconstruire une autorité palestinienne digne de ce nom, défend-il. « J’aimerais voir une administration civile dirigée par les Gazaouis, peut-être avec le soutien de partenaires régionaux ». Mais sans aller jusqu’à reconnaître un État palestinien. C’est pourtant ce que demandent de nombreux pays partout dans le monde. Avec la coalition d’extrême droite qui le porte au pouvoir, Benjamin Netanyahou n’est toujours pas prêt à ça.
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