Guerre Israël-Hamas: Antony Blinken en déplacement en Égypte et au Qatar pour une trêve à Gaza

Le secrétaire d'État Antony Blinken a eu des discussions, ce mardi 20 août, en Égypte avant d'aller au Qatar pour pousser à un accord de trêve à Gaza, à l'heure où le Hamas a accusé les États-Unis de donner un "feu vert" à Israël pour poursuivre la guerre.

Au 11e mois de ce conflit, déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, l'armée israélienne a annoncé avoir récupéré dans la bande de Gaza les corps de six otages enlevés lors de cette attaque.

Israël et le Hamas ne cessent de s'accuser mutuellement de bloquer un accord de cessez-le-feu dans le territoire palestinien assiégé, où une offensive de représailles israélienne a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire et sanitaire.

Mardi, la Défense civile locale a annoncé la mort d'au moins douze Palestiniens dont des enfants dans une nouvelle frappe israélienne sur une école abritant des déplacés à Gaza-Ville (nord). L'armée a dit avoir ciblé "des terroristes cachés dans l'école".

Pour son 9e voyage au Moyen-Orient depuis le 7 octobre, Antony Blinken a rencontré à El-Alamein en Égypte le président Abdel Fattah al-Sissi qui a plaidé pour un "cessez-le-feu à Gaza". Le secrétaire d'État, dont le pays est le premier allié et principal soutien militaire d'Israël, devait ensuite se rendre à Doha.

Il s'agit "peut-être de la dernière occasion de ramener les otages chez eux" et "d'obtenir un cessez-le-feu", a déclaré lundi en Israël Antony Blinken.

Il a affirmé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait "accepté le plan de compromis" de Washington pour une trêve, et appelé le Hamas à "faire de même".

Une trêve possible?

Le président américain Joe Biden a ensuite accusé le mouvement palestinien "de faire machine arrière". Mais, le Hamas a aussitôt rejeté dans un communiqué les "allégations trompeuses de Biden et Blinken".

"Elles ne reflètent pas la véritable position du Hamas, qui est soucieux de parvenir à un accord de cessez-le-feu", et constituent un "nouveau feu vert" à Israël pour poursuivre la guerre, a affirmé le Hamas.

Vendredi, Washington a soumis une proposition de compromis pour une trêve, lors de nouvelles négociations à Doha entre Israël et les médiateurs américain, qatari et égyptien. Le Hamas l'a immédiatement rejetée en accusant les États-Unis d'y avoir intégré de "nouvelles conditions" d'Israël, dont le maintien de ses troupes à la frontière de Gaza avec l'Egypte et "un droit de veto" sur les prisonniers palestiniens susceptibles d'être échangés contre les otages.

Le mouvement palestinien refuse de négocier davantage et exige un calendrier pour appliquer le plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, qu'il a accepté début juillet. Ce plan prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages, et dans sa deuxième phase, notamment un retrait total israélien de Gaza.

Six corps d'otages récupérés

Benyamin Netanyahu a maintes fois affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme terroriste par Israël, les États-Unis et l'Union européenne.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël voisin ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1.199 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza dont 34 déclarées mortes par l'armée.

Les bombardements aériens et l'offensive terrestre de représailles israéliens ont fait jusque-là au moins 40.173 morts et près de 93.000 blessés, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas. Ce dernier ne détaille pas le nombre des civils et des combattants tués, mais selon l'ONU la plupart des morts sont des femmes et mineurs.

Mardi, l'armée a annoncé avoir récupéré les corps de six otages israéliens, lors d'une opération menée avec le renseignement intérieur à Khan Younès (sud). Il s'agit de Alex Dancyg, Chaim Peri, Yagev Buchshtab, Yoram Metzger, Nadav Popplewell, tous annoncés morts ces derniers mois, et d'Avraham Munder dont le décès a été annoncé mardi.

Le gouvernement Netanyahu "doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour finaliser l'accord sur la table", a indiqué le Forum des familles d'otages.

Un "sentiment d'urgence"

Dans la bande de Gaza dévastée, où la quasi-totalité des 2,4 millions habitants ont été déplacés, les bombardements meurtriers israéliens ne connaissent pas de répit. Outre la frappe sur l'école, six Palestiniens ont été tués à Rafah (sud) dont quatre à bord d'une voiture visée par l'armée israélienne, selon des sources médicales.

Pour les États-Unis, un cessez-le-feu à Gaza doit aussi aider à éviter une éventuelle attaque contre Israël de l'Iran et de ses alliés -le Hezbollah libanais, le Hamas et les rebelles yéménites houthis.

Ces derniers ont menacé de riposter à l'assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran le 31 juillet, et à celui du chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, tué la veille dans une frappe israélienne près de Beyrouth. Selon Antony Blinken, il y a "un sentiment d'urgence dans toute la région", face au risque d'un embrasement.

Article original publié sur BFMTV.com