Guerre d’Algérie : Emmanuel Macron reconnaît que Larbi Ben M’hidi a été assassiné par des militaires français
Cette reconnaissance de la responsabilité française intervient à l’occasion du 70e anniversaire du début de la guerre d’Algérie, le 1er novembre 1954.
La France avait déjà mis des décennies à nommer la guerre d’Algérie, après l’indépendance du pays en 1962. Emmanuel Macron a reconnu que le dirigeant du Front de libération nationale (FLN) Larbi Ben M’hidi a été « assassiné par des militaires français ». Ce vendredi marque le 70e anniversaire de l’insurrection du 1er novembre 1954, aussi appelée « Toussaint rouge » et le début de la lutte pour l’indépendance algérienne.
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Le président de la République « reconnaît ce jour que Larbi Ben M’hidi, héros national pour l’Algérie et l’un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l’insurrection du 1er novembre 1954, a été assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses », indique un communiqué de l’Élysée.
« La reconnaissance de cet assassinat atteste que le travail de vérité historique, que le président de la République a initié avec le président Abdelmadjid Tebboune se poursuivra », souligne également le communiqué, précisant que le but d’Emmanuel Macron est « d’aboutir à la constitution d’une mémoire apaisée et partagée ». Ce communiqué intervient alors que les tensions continuent entre l’Algérie et la France, après le soutien du président français au plan marocain d’autonomie du Sahara occidental.
La mort du « Jean Moulin algérien » maquillée en suicide
Ancien général de l’armée française décédé en 2013, Paul Aussaresses avait avoué en 2000 au journal Le Monde avoir torturé en Algérie, alors qu’il était coordinateur des services de renseignement lors de la bataille d’Alger, en 1957. Il avait notamment affirmé avoir abattu 24 prisonniers, parlant d’un climat de « torture généralisée », dont le ministre de l’Algérie de l’époque, Robert Lacoste, avait connaissance.
Mohamed Larbi Ben M’hidi né en 1923 près d’Aïn M’lila, dans les Aurès, au nord-est du pays, était le responsable de la « Zone autonome d’Alger depuis 1956 », une structure du FLN chargée de mobiliser les Algérois pour la lutte indépendantiste et du « réseau bombes », rappelle Sylvie Thénault, chercheuse au CNRS spécialiste de la Guerre d’Algérie. Autant de responsabilités qui lui valent souvent le surnom de « Jean Moulin algérien ».
La version officielle avait maquillé son décès en tentative de suicide, peu après son arrestation le 23 février 1957, alors que le militant était exhibé devant la presse, les mains entravées par des menottes, mais souriant et serein, face aux parachutistes français. L’homme de 34 ans est ensuite emmené dans une ferme abandonnée au sud d’Alger, puis exécuté. Dans un livre-aveu, Services spéciaux, Algérie 1955-1957, paru en 2001, le général Aussaresses admet avoir organisé l’assassinat, affirmant avoir agi avec l’aval des politiques.
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