Guerre au Soudan: une situation humanitaire alarmante dans la ville tchadienne d'Adré
Le conflit soudanais ne baisse pas en intensité : en cinq mois, plus de cinq millions de personnes ont été déplacées par les combats. Parmi elles, près de 420 000 Soudanais ont trouvé refuge au Tchad voisin.
Avec notre envoyé spécial à Adré (Tchad), Eliott Brachet
Ils sont toujours des centaines de réfugiés à franchir chaque jour la frontière. C’est un peu moins que ces derniers mois, où ils se comptaient par milliers quotidiennement suite aux massacres commis à l’ouest du Darfour.
Chaque jour des dizaines de réfugiés sont transportés par camions vers trois camps permanents sortis de terre dans le département de l’Assoungha. Malgré ces relocalisations, l’immense camp d’Adré ne désemplit pas. Plus de 200 000 personnes s’amoncellent toujours dans des tentes et abris de fortune improvisés à perte de vue. La population de la petite ville d’Adré a été multipliée par sept. Les prix des denrées de bases ont explosé. Les conditions sanitaires sont précaires, et les maladies comme le paludisme prolifèrent en cette saison des pluies.
Le CICR s'organise
Dans les travées du camp, on croise le regard hagard de certains réfugiés encore sous le choc. Principalement Massalit, ils racontent les exactions quotidiennes subies dans les zones contrôlées par les paramilitaires et les milices arabes qui leur sont affiliées. Dans la plupart des familles que nous avons rencontrées, il manque un frère, un père, un enfant. Disparus ou tués à quelques kilomètres d’ici dans une guerre qui se déroule à huis clos. Selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, 85 % des exilés soudanais enregistrés ici au Tchad sont des femmes et des enfants.