Guerre à Gaza: des milliers de personnes fuient Khan Younès après un nouvel ordre d'évacuation
"Nous sommes fatigués d'avoir été déplacés 50 fois". Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a appelé tôt ce dimanche 11 août les civils à quitter la zone d'al-Jalaa, quartiers nord de la ville de Khan Younès, avant de nouvelles opérations israéliennes. Elle a affirmé que le Hamas y avait "implanté une infrastructure terroriste" et qu'elle "s'apprêtait à mener des opérations".
D'après Reuters, l'ordre d'évacuation concernait les quartiers du centre, de l'est et de l'ouest de Khan Younès, ce qui en fait l'un des plus importants ordres de ce type depuis le début du conflit.
"Au cours des derniers jours seulement, plus de 75.000 personnes ont été déplacées dans le sud-ouest de Gaza", affirme Philippe Lazzarini, directeur général de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, sur X.
"Certains ne peuvent transporter que leurs enfants avec eux, d'autres transportent toute leur vie dans un petit sac. Ils se dirigent vers des endroits surpeuplés où les abris débordent déjà de familles. Ils ont tout perdu et ont besoin de tout", ajoute-t-il déplorant que "contrairement à d'autres guerres, la population de Gaza est prise au piège et n'a nulle part où aller".
Une frappe sur une école abritant des déplacés
D'autres secteurs dans le centre et le nord du territoire palestinien assiégé ont été visés au cours de la nuit. Au moins deux personnes ont été tuées, selon le Croissant-Rouge palestinien.
Régulièrement, les troupes israéliennes reviennent dans des zones dont elles s'étaient retirées face à la résurgence d'unités de combattants palestiniens. Dimanche, de nouveaux bombardements ont été menés sur Khan Younès.
D'après des images de l'AFPTV, des Palestiniens ont afflué à l'hôpital Nasser de la ville après une frappe, convoyant des dépouilles et des blessés vêtus de T-shirts maculés de sang.
Ce nouvel ordre d'évacuation intervient au lendemain de la frappe israélienne sur une école à Gaza-ville abritant des déplacés qui a tué 93 Palestiniens selon la Défense civile à Gaza, dont des femmes et des enfants, soulevant un tollé international. Ce raid est considéré comme l'un des plus meurtriers depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza.
"Il va nous falloir encore deux jours pour identifier les corps qui ont été déchiquetés", a affirmé le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.
L'armée israélienne a affirmé que cette école était utilisée par le Hamas et le Jihad islamique (autre mouvement palestinien armé) pour "mener des attaques" contre ses soldats, et affirmé y avoir éliminé "au moins 19 terroristes".
Le Hamas veut l'application du plan Biden
Le Hamas a réclamé ce dimanche la mise en œuvre d'un plan présenté par Joe Biden pour une trêve à Gaza "plutôt que de mener plus de négociations". Malgré des appels internationaux à un cessez-le-feu, les tentatives des pays médiateurs - Qatar, États-Unis et Égypte - ont échoué à plusieurs reprises ces derniers mois.
Le 31 mai, le président américain avait annoncé un plan, présenté comme émanant d'Israël, prévoyant, dans une première phase, une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages retenus dans le territoire palestinien et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Le Hamas a appelé dimanche soir les médiateurs à "présenter une feuille de route" pour "appliquer" ce plan, "fondé sur la vision du (président américain Joe) Biden et les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU", "plutôt que de mener plus de négociations ou d'amener de nouvelles propositions".
Il y a quelques jours, les pays médiateurs avaient appelé à la reprise le 15 août des discussions sur une trêve à Gaza, associé à la libération des otages. Israël a donné son accord mais le Hamas n'a pour sa part pas clairement dit s'il participerait.
L'offensive israélienne de représailles à Gaza a fait au moins 39.790 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués.