Guadeloupe: le gouvernement en service minimum en pleine crise sociale

Restes de barrages à Mare-Gaillard (Guadeloupe) le 21 novembre 2021 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
Restes de barrages à Mare-Gaillard (Guadeloupe) le 21 novembre 2021 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

876450610001_6283354384001

Comme un air d'embarras. Alors qu'Emmanuel Macron a dénoncé la "situation très explosive" en Guadeloupe, les annonces de Jean Castex, lundi soir, ont semblé peu ambitieuses. Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, n'a, lui, toujours pas annoncé précisement sa venue sur l'île.

Pillages, barrages, menaces physiques sur les personnels de l'Agence régionale de santé.... Nées de la contestation face à l'obligation vaccinale des soignants, les protestations guadeloupéennes s'inscrivent dans un climat social tendu depuis plusieurs années.

"Un énième comité Théodule" pour résoudre une très grave crise

La Guadeloupe accuse notamment un PIB par habitant 37% inférieur à la métropole, un jeune sur trois est au chômage et les coupures d'eau sont quotidiennes.

Alors que le gouvernement a déployé 2000 gendarmes et envoyé en renfort le GIGN et le RAID le week-end dernier, Jean Castex a reçu lundi soir à Matignon les élus locaux aux côtés des ministres des Outre-mer, de la Santé et de l'Intérieur.

Après plusieurs heures de discussion, le Premier ministre a annoncé "la création d'une instance de dialogue".

"On a un président qui alerte sur une situation très grave le matin et le soir un Premier ministre qui annonce un énième Comité Théodule. C'est surréaliste", analyse Mathieu Croissandeau, éditorialiste politique de BFMTV.

Interviewé ce mardi matin sur France 2, Sébastien Lecornu, lui, botte en touche sur la suite à donner à la crise guadeloupéenne. "Nous allons y aller", lâche-t-il, tout en se gardant d'avancer une date.

Sébastien Lecornu occupé par la campagne présidentielle

Pour se justifier, alors que l'île des Antilles vit sa plus grave crise depuis des années, l'entourage de Sébastien Lecornu avance auprès de BFMTV que "le déplacement d'un ministre est une pression de plus sur les forces de l'ordre et sur les services de l'État."

Une autre raison, plus politique, est également possible. Soucieux de jouer peser dans la campagne présidentielle, Sébastien Lecornu pilote la création de comités de soutiens locaux à Emmanuel Macron, à cinq mois de la présidentielle, très loin des enjeux de son ministère.

"Le gouvernement vient d'inventer la gestion de crise en distanciel. C'est proprement ahurissant. Au moindre fait divers, les ministres accourent comme des lapins. Mais quand c'est dans les territoires d'outre-mer et que c'est une situation très explosive, il n'y a plus personne", regrette Mathieu Croissandeau.

Une mobilisation qui s'étend à la Martinique

Et de rappeler qu'Yves Jégo, ministre des Outre-mer sous Nicolas Sarkozy en 2009, avait attendu plusieurs semaines avant de se rendre en Martinique et en Guadeloupe, en pleine crise sociale, avant d'être contraint de quitter son poste.

"Attendez que Marine Le Pen ou Éric Zemmour y aille et vous verrez que tout le gouvernement rappliquera", estime encore l'éditorialiste.

Pendant ce temps, la mobilisation semble s'étendre aux autres territoires ultra-marins. En Martinique, les syndicats ont entamé, eux aussi, une mobilisation générale lundi matin: blocages, défilés dans les rues de Fort-de-France, sous l’œil amical des syndicats de Guadeloupe.

Article original publié sur BFMTV.com