Groenland : des scientifiques ont élucidé le mystère d’un « séisme » qui a duré neuf jours en septembre 2023

Des scientifiques ont élucidé le mystère d’un « séisme » qui a duré neuf jours en septembre 2023. (Photo : 
 icebergs qui fondent, dans l’est du Groenland).
OLIVIER MORIN / AFP Des scientifiques ont élucidé le mystère d’un « séisme » qui a duré neuf jours en septembre 2023. (Photo : icebergs qui fondent, dans l’est du Groenland).

SCIENCE - Pendant un an, des dizaines de scientifiques du monde entier ont mené l’enquête sur ce (très long) « séisme ». À cause d’un glissement de terrain dans un fjord du Groenland causé par le changement climatique, un tsunami a fait vibrer en septembre 2023 la terre pendant neuf jours, a révélé une équipe internationale de chercheurs dans la revue Science, ce jeudi 12 septembre.

« Ce qui est tout à fait unique dans cet événement, c’est la durée du signal sismique et la constance de sa fréquence », a expliqué vendredi à l’AFP l’un des auteurs de l’étude, Kristian Svennevig, du Service national de géologie du Danemark et du Groenland (GEUS).

Un éboulement suivi d’un méga tsunami

« D’autres glissements de terrain et tsunamis ont produit des signaux sismiques, mais seulement pendant quelques heures et très localement, celui-ci a été observé dans le monde entier, jusqu’à l’Antarctique », a-t-il ajouté.

Le phénomène a d’abord surpris la communauté scientifique qui a commencé par le définir comme « un objet sismique non identifié ». Selon Stephen Hicks, coauteur de l’étude et sismologue à l’University College London, certains sismologues ont cru que leurs instruments étaient cassés lorsqu’ils ont commencé à capter des vibrations à travers le sol en septembre, raconte-t-il à CNN.

Afin de lever le mystère sur ce « séisme » de plusieurs jours, 68 scientifiques de 15 pays ont collaboré pendant un an et ont passé au peigne fin les données sismiques, satellitaires et de terrain, ainsi que des simulations de vagues de tsunami.

Le changement climatique en cause

À force de persévérance, ils ont découvert que ce phénomène était lié à un « risque en cascade ». L’effondrement d’un sommet de montagne au-dessus du fjord Dickson a projeté dans l’eau suffisamment de roches et de débris pour remplir 10 000 piscines olympiques. Un effondrement causé par l’amincissement du glacier à la base de la montagne, lui-même créé par le changement climatique.

Le méga tsunami qui s’est ensuivi, de 200 mètres de haut à son épicentre, a déclenché une vague qui est restée coincée dans le fjord pendant plus d’une semaine, faisant des allers-retours toutes les 90 secondes. Ce phénomène d’oscillation de l’eau, appelé « seiche », « a créé l’énergie sismique dans la croûte terrestre », ont constaté les scientifiques.

« Avec un Arctique qui continue à se réchauffer, on peut s’attendre à ce que la fréquence et l’ampleur de ces événements augmentent à l’avenir », a prévenu Kristian Svennevig, soulignant n’avoir « aucune expérience d’un Arctique aussi chaud que celui que nous observons actuellement ». Il appelle à la mise en place de systèmes d’alerte précoce, un défi dans ces environnements extrêmes.

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