Greta Thunberg porte à Paris la grève des étudiants pour le climat

Deux mille lycéens ou étudiants se sont réunis vendredi à Paris pour la deuxième édition française d'une grève estudiantine pour le climat fédérée autour de la jeune Suédoise Greta Thunberg, icône du mouvement, qui a été reçue à l'Elysée. /Photo prise le 22 février 2019/REUTERS/Philippe Wojazer

par Julie Carriat

PARIS (Reuters) - Deux mille lycéens ou étudiants se sont réunis vendredi à Paris pour la deuxième édition française d'une grève estudiantine pour le climat fédérée autour de la jeune Suédoise Greta Thunberg, icône du mouvement, qui a été reçue à l'Elysée.

Greta Thunberg, qui a initié le mouvement en août en quittant les bancs de son lycée de Stockholm pour aller manifester devant le Parlement, devait être reçue à sa demande par Emmanuel Macron à 18h, a annoncé la présidence.

La jeune fille a défilé à Paris entre l'Opéra et la place de la République aux côtés d'autres lycéennes chefs de file du mouvement qui essaime en Europe, notamment les Belges Adélaïde Charlier, Anuna de Wever et Kyra Gantois ou l'Allemande Luisa Neubauer, au milieu d'une foule jeune et féminine.

"Quand j'ai commencé à faire grève je ne m'attendais à rien en particulier, je pensais que je verrais ce qui arriverait, mais je n'aurais jamais imaginé que ça deviendrait si grand", a déclaré Greta Thunberg, place de la République.

"C'est incroyable, c'est une surprise à chaque fois que je vois quelqu'un d'autre faire grève. C'est un sentiment incroyable", a ajouté la jeune fille autiste Asperger qui a notamment réclamé la veille à Bruxelles la réduction des émissions pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris.

"J'aimerais que les adultes prennent leurs responsabilités", a-t-elle ajouté.

"C'est l'idole de ce groupe", reconnaît Léa, étudiante en relations internationales et développement à l'université Paris Dauphine, sur les marches de l'Opéra de Paris.

Quelques centaines de jeunes, pour beaucoup des filles, y scandaient des slogans contre l'inaction face au réchauffement climatique, sous un ciel parisien sans nuage et des températures clémentes (16 degrés), entaché néanmoins par un épisode de pollution aux particules fines.

Deux mille personnes ont participé à la manifestation entre la place de la République et l'Opéra au total, selon la préfecture de police de Paris. Les organisateurs revendiquaient pour leur part entre 5.000 et 8.000 grévistes pour le climat.

"EN 2050 VOUS SEREZ MORTS, PAS NOUS"

"15 degrés, c'est trop pour février!", pouvait-on entendre. "Et un et deux et trois degrés, c'est un crime contre l'humanité", "En 2050 vous serez morts, pas nous", entonnaient Prune, 16 ans et Ninon, 17 ans, du lycée parisien Sophie Germain.

"Il y a beaucoup de paroles, il y a des traités qui ont été signés mais il n'y a aucune action qui a été créée depuis. La planète est en train de mourir et nous on est le futur, on est les gens qui vont vivre, qui vont gouverner et donc c'est notre rôle de montrer qu'il faut réagir", expliquait la seconde.

Des personnalités se sont jointes au rassemblement, la maire de Paris Anne Hidalgo, l'actrice Juliette Binoche, le réalisateur du film "Demain" Cyril Dion ou la militante écologiste indienne Vandana Shiva.

"C'est un mouvement social du climat, c'est une excellente nouvelle que les jeunes indiquent à quel point eux sont prêts à changer, eux changent déjà, et à quel point ils sont en avance sur les gouvernements et sur les dirigeants européens", a déclaré sur place l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot.

"Dans le débat public, il faut qu'il y ait une clarification entre ceux qui parlent du climat et ceux qui agissent. (....) Quand l'Affaire du siècle exige que l'Etat fasse beaucoup plus, on est à notre rôle", a-t-il déclaré, en référence à la pétition pour une action en justice contre l'Etat pour inaction climatique, qui a réuni plus de 2,1 millions de signatures.

Greenpeace a annoncé mardi une saisie prochaine devant le tribunal administratif de Paris afin de contraindre l'exécutif à réviser ses ambitions climatiques.

Il y a une semaine, la première édition française de cette grève scolaire pour le climat, devant le ministère de la Transition écologique et solidaire, avait réuni quelques centaines de personnes, une mobilisation relativement tardive par rapport à celles en cours depuis plusieurs semaines en Belgique, en Australie, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

L'un des organisateurs français du mouvement, Romaric, expliquait vendredi ce retard par la prééminence d'autres mobilisations, comme celle des "Gilets jaunes". La prochaine "grève mondiale" des étudiants est prévue pour le 15 mars ; "ne nous regardez pas, rejoignez-nous", ont-ils réclamé.

(Avec Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)