Grenoble: le procureur évoque "une lutte tous azimuts" face à "une guerre des gangs intense"
Grenoble, la petite Marseille? Depuis le début de l'année, la capitale iséroise a été le théâtre d'une quinzaine de fusillades en lien avec le trafic de stupéfiant. Rien que sur les trois dernières semaines, on en recense sept. "Je n'ai jamais vu ça depuis ma prise de poste à Grenoble", consent le procureur de la République de la ville dans une interview publiée ce mardi 20 août par Le Parisien, déplorant "une guerre des gangs intense".
À l'instar de nombreuses autres villes de France touchées par les trafics, Grenoble connaît une guerre de territoire entre dealers "qui veulent reprendre la main sur plusieurs points de deal très rémunérateurs", détaille Éric Vaillant, évoquant le chiffre de "35.000 euros" de gain quotidien pour certains lieux de vente.
"Place nette" et collaboration avec la CAF
"Le grand banditisme à Grenoble n'est pas nouveau", poursuit le magistrat. "La position stratégique de la ville" à proximité de la frontière italienne, à seulement 300 kilomètres de Marseille, sur la route des trafics, explique la présence de ces réseaux. Une situation qui oblige à "une lutte tous azimuts". "Nos résultats sont réels", insiste le représentant du parquet.
Le magistrat cite pour exemple la condamnation jusqu'à 8 ans de prison de membres d'un vaste réseau implanté dans le quartier de l'Alma qui a donné lieu à une lutte entre trafiquants, avec des fusillades à la clé, pour récupérer le territoire.
Comme dans de nombreuses autres villes, Grenoble a mené plusieurs opérations "Place nette", ces opérations policières d'ampleur pour démanteler les trafics. Depuis 2019, les autorités ont lancé un "plan stup", avec l'arrestation des petits dealeurs sur les points de deal, jugés immédiatement, mais aussi l'interpellation des guetteurs avec la saisie de l'argent qu'ils ont sur eux.
"Nous collaborons avec la Caisse d'allocations familiales", explique aussi Éric Vaillant. Les autorités judiciaires communiquent avec la CAF l'argent gagné illégalement par des trafiquants pour que ces sommes soient inclus dans le calcul de leurs allocations. Une première en France. Cette collaboration entre services de l'État va s'étendre à la CPAM. "On ne lâchera pas", prévient le procureur de Grenoble.