Grenoble: devenu tétraplégique après une potentielle agression, il lance un appel à témoins
De cette nuit du 25 au 26 mai dernier, Issam Bousalmi se souvient seulement d'avoir tenté de défendre des passants se faisant agresser, avant d'être à son tour pris à parti par les agresseurs. À son réveil au CHU de Grenoble Alpes, l'homme, âgé de 45 ans, est tétraplégique. Que s'est-il passé exactement cette nuit-là? Dans un souci de compréhension, Issam Bousalmi passe un appel à témoins.
"Il était en bonne santé, il ne bougera plus", déplore Stéphane Oualid, l'un de ses amis, auprès de BFMTV.com.
À présent, l'enjeu est de trouver des témoins pour éclaircir les circonstances du drame. "Et pour qu'Issam ait accès au Fond de garantie" s'il a bien été victime d'une agression, résume Stéphane Oualid.
Il s'interpose pour porter secours à un couple
Il est environ 23h30 le 25 mai lorsqu'Issam Bousalmi quitte le bar où il a passé la soirée, sur son vélo. Il raconte avoir aperçu un couple se faire agresser et décide de faire demi-tour pour s'interposer. Les trois individus en fuite, il reprend son chemin. Mais, affirme-t-il, les agresseurs le rattrapent et le rouent de coups. Impossible de retracer la suite des événements.
Les pompiers finissent par intervenir, mais décident de passer la main aux services de police, pensant la victime en état d'ébriété. Issam Bousalmi finit donc par être pris en charge, plus tard, par des policiers qui l'amènent en cellule de dégrisement. C'est un médecin qui finira par les alerter sur son état de santé, menant à son hospitalisation.
Là, le verdict tombe: une fracture d'une vertèbre cervicale rend ce père d'une petite-fille de 13 ans tétraplégique.
Des images de vidéosurveillance non exploitées
Si une enquête a été ouverte et confiée à la Sûreté départementale, comme le confirme le parquet auprès de BFMTV.com, l'avocat et l'ami de la victime se disent déçus face à des investigations qui, selon eux, avancent peu.
Quelques jours après le drame, Stéphane Oualid décide de mener son enquête de son côté. Muni de photocopies d'un article du Dauphiné Libéré sur l'agression de son ami, il part en placarder à proximité du lieu de l'agression, à savoir aux abords du lycée Champollion. Il va jusqu'à faire le tour du voisinage.
Surtout, il remarque que des caméras sont installées sur la façade du lycée, donnant sur la rue où se sont déroulés les faits. "Je décide d'entrer dans le lycée pour demander si elles fonctionnent", espérant trouver des réponses à ses questions.
Le directeur de l'établissement le reçoit et confirme: les caméras sont bien fonctionnelles. Mais l'espoir de Stéphane Oualid est de courte durée, les vidéos datant de la nuit du 25 au 26 mai viennent d'être écrasées automatiquement, comme le veut la procédure au bout de deux semaines, raconte-t-il.
L'espoir de voir des témoins se manifester
Contacté par BFMTV.com, le parquet de Grenoble confirme qu'"aucune image de vidéosurveillance n’a pu être récupérée à ce jour", et que "des investigations techniques sont en cours pour déterminer si les vidéos peuvent être récupérées". Boris Duffau, procureur adjoint de Grenoble, ajoute qu'à ce stade de l'enquête, la thèse de l'agression n'est pas encore confirmée.
"La plus grosse des preuves vient peut-être de subir une déperdition", craint de son côté l'avocat d'Issam Bousalmi, Me Edouard Bourgin, qui dresse un parallèle avec les images de vidéosurveillance du Stade de France, effacées avant que la justice ne demande à les consulter, concernant les débordements en marge de la finale de la Ligue des Champions, le 28 mai.
Or, retracer le fil des événements est indispensable pour que son client puisse avoir accès à une indemnisation, précise-t-il. "J’avoue que je suis un peu étonné de la succession des évènements défavorables pour Monsieur Bousalmi. Nous espérons que des témoins vont se manifester."