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Grenoble, côté obscur

Drogue, rodéos, règlements de compte... Dans cette ville utopique des années 1970 devenue un laboratoire pour les Verts, les « quartiers » ne connaissent que leur loi.

Les policiers de la brigade spécialisée de terrain n’ont pas fait deux pas dans ce quartier d’Echirolles, au sud de Grenoble, qu’un concert de Klaxon digne d’une finale de Coupe du monde retentit pour prévenir les dealers. Les guetteurs, les « choufs » dans le jargon des cités, hurlent le mot-clé « Arah ! » et les vendeurs de drogue s’évaporent. Nicolas, la quarantaine, bras tatoués et grande gueule d’ange à la Bernard Giraudeau, ne s’en agace pas. Il a l’habitude de ce jeu de dupes : « C’est une comédie, chacun joue son rôle. Si t’es linéaire, t’arrives à rien. Il y avait du trafic y a trente ans, y en aura dans trente ans. Faut faire un effort mental, ne pas trop réfléchir, sinon je démissionne et je fais autre chose. »

Le point de deal abandonné est jonché d’ordures : « Tu vois, les canettes jetées par terre, ce n’est pas une histoire de pauvreté, c’est juste un manque d’éducation, un manque de respect. Quelqu’un ramassera pour eux. Les merdeux de 10 à 20 ans, ils n’ont rien dans la tête, ils ne sont pas encore allés en prison. Avec les plus grands, on peut parler. » Les policiers progressent dans le quartier, ils portent l’uniforme mais pas de casquette : « N’importe quoi peut tomber du haut des tours, une boîte de conserve de 1 kilo de haricots, une bouteille de whisky », dit Stéphane, 49 ans, le sourire un peu usé par ces années passées au bord d’une société cassée. Aux flics débutants, il conseille de se préserver psychologiquement de ce métier qui abîme.

A Mistral propose une drogue moins coupée qu’ailleurs, de meilleure qualité. On offre des CD et des tickets de loterie aux acheteurs, avec console de jeu promise au gagnant

Quelques capuches les toisent, au loin. Les points de deal sont très rapprochés les uns(...)


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