Grenoble : à cause d’un point de deal, Le Carrare, un immeuble d’Échirolles, a été déclaré inhabitable

Le Carrare, immeuble d’habitation devenu progressivement un important point de deal de l’agglomération grenobloise.
Google Maps Le Carrare, immeuble d’habitation devenu progressivement un important point de deal de l’agglomération grenobloise.

FRANCE - Point de deal, mais surtout point de non-retour. Face à un trafic de drogue devenu intenable dans l’agglomération grenobloise, le maire d’Échirolles a pris une mesure radicale, déclarant temporairement inhabitable un immeuble de sa commune, baptisé Le Carrare, ce mardi 24 septembre. Malgré l’urgence de la situation, de nombreux habitants vont donc se retrouver dépossédés de leur logement, presque du jour au lendemain.

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Comme l’indique Le Dauphiné Libéré, qui a largement couvert l’affaire, cette décision est une conséquence directe de la forte dégradation au fil des ans de cet immeuble du centre-ville d’Échirolles. Il faut dire que ce bâtiment de 80 logements est connu pour être un important point de deal.

Raison pour laquelle l’édile de la ville d’Isère a donné un délai de 72 heures à « tous les occupants » pour évacuer les lieux. Une mesure prise « pour leur propre sécurité au vu des dysfonctionnements constatés », explique l’édile communiste Amandine Demore.

« Danger de mort permanent »

Grâce à cette évacuation des habitants, légaux comme illégaux, des travaux de sécurisation d’urgence doivent être menés pour « réinstaurer des conditions de vie décentes » au Carrare. « Cette décision forte s’inscrit à l’issue d’un long travail partenarial avec la préfecture, la police nationale, le parquet de Grenoble, des experts de la sécurité du bâtiment et de l’habitat, aux côtés des services de la Ville, de la Métropole, de la police municipale et des élus », explique également la maire au sujet d’une mesure devenue inévitable.

Et pour cause, le Dauphiné explique que les différentes expertises menées depuis le début de l’année exposent un « danger de mort permanent » pour les habitants. Cela à cause de risques électriques et d’incendie particulièrement élevés, qui ont été largement favorisés par la présence du point de deal dans cet immeuble résidentiel. Un trafic de drogue qui, selon Amandine Demore, « pourrit la vie des résidents et des riverains de cet immeuble du centre-ville depuis plusieurs années » déjà.

À cela s’ajoute un autre problème de sécurité non négligeable, celui des fusillades qui ont eu lieu à Grenoble et dans son agglomération cette année, sur fond de rivalité entre gangs pour le contrôle du trafic. Depuis le début de l’année 2024, ce sont 24 épisodes de violence par arme à feu qui ont été répertoriés dans les environs à la date du 21 septembre.

Relogement d’urgence

Ce mardi, policiers et gendarmes ont donc escorté des agents de la Ville pour effectuer du porte-à-porte dans l’immeuble pour annoncer la nouvelle aux résidents. Difficile d’ailleurs de savoir combien ils sont sur place. Car comme le souligne encore Le Dauphiné Libéré dans un reportage sur l’évacuation des lieux, Le Carrare est occupé illégalement depuis plusieurs années par des squatteurs souvent liés au trafic. Et participent donc à la dégradation des lieux.

Ce mardi matin, la quinzaine d’habitants qui ont accepté d’ouvrir leur porte aux forces de l’ordre se sont vu offrir des conseils pour trouver un nouveau toit d’ici les prochains jours. « On leur a distribué un papier pour les inviter à se rendre ce mardi après-midi à une permanence sociale au CCAS (le Centre communal d’action sociale, ndlr) où on leur proposera des solutions d’urgence. Ceux qui sont dans des situations compliquées, comme une famille avec des enfants, ont déjà été pris en charge ce matin », relate Jonny Vizzini, directeur adjoint de la prévention et de la sécurité d’Échirolles.

Et pour les autres ? Un lieu d’accueil doit être installé à proximité de l’immeuble pour les recevoir et leur permettre, comme l’indique la maire, « de mettre en place un accompagnement social, ainsi que de veiller à la mise à l’abri, par un relogement d’urgence, des habitants impactés par la fermeture de ce bâtiment ». Ils ont jusqu’à vendredi pour se faire connaître

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