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Grenelle des violences conjugales : des mesures "pas à la hauteur"

49 000 personnes ont défilé samedi 23 novembre à Paris, contre les violences faites aux femmes.
49 000 personnes ont défilé samedi 23 novembre à Paris, contre les violences faites aux femmes.

Edouard Philippe a présenté plusieurs mesures en conclusion de cette grande concertation, lancée en septembre. Pour le collectif #NousToutes, le compte n’y est pas.

Les annonces du Premier ministre pour lutter contre les violences conjugales sont loin d’avoir convaincu les militantes du collectif #NousToutes. À l’issue des mesures annoncées, le message reste le même : davantage de moyens.

“On n’en attendait pas grand chose, donc on n’est pas particulièrement déçues. On va maintenir la pression car il nous faut 1 milliard d’euros pour lutter contre ces violences“, nous confie Anaïs Leleux, membre du comité de pilotage de #NousToutes.

Le coeur du problème : le manque de moyens

Même si elle salue des avancées comme “l’ouverture du 3919, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 ou l’ouverture de centres de prise en charge pour les auteurs de violences”, Anaïs Leleux déplore le manque de moyens : “Le problème, c’est que l’on a demandé au groupe de travail qui a planché durant ce grenelle de travailler à moyens constants. Ce qui donne des mesures qui ne sont pas à la hauteur de trois mois de travail”.

Autre critique sur ces annonces, la date effective d’applications de certaines de ces mesures : “La grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron est censée être l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais on ne verra les effets réels qu’à la fin de son mandat” déplore Anaïs Leleux.

Des annonces effectives “fin 2020”

En effet, comme l’a expliqué Marlène Schiappa sur BFMTV lundi 25 novembre, l’ouverture du 3919 24h sur 24 et 7 jours sur 7 sera effective “fin 2020”, souhaite la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Un délai important entre l’annonce et la mis en place du dispositif car “il faut pour cela passer par un marché public”, a ajouté la secrétaire d’Etat.

“Il faut former les policiers, pas leur donner une grille”

Parmi les annonces qui ont marqué Anaïs Leleux, la mise en place d’une nouvelle grille de 23 questions permettant aux forces de l’ordre de mieux évaluer les risques.

“Avoir une grille ne changera rien. Il faut former les policiers. Le problème est que certains refusent de prendre des plaintes. Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes estiment que la formation de l’ensemble des policiers coûterait 6 millions par an sur 5 ans. La solution est là”, ajoute la membre du collectif #NousToutes, dont la marche a rassemblé 49 000 personnes samedi à Paris.

“Ma soeur est morte brûlée pour rien”

Du côté des familles des victimes, la déception est à la hauteur de l’attente des annonces. Anaïs Leleux confie avoir eu des appels de proches de victimes de féminicides : “Sandrine Bouchait (présidente de l'Union nationale des familles de féminicides, ndlr), m’a appelé après les annonces : ‘Tout ça pour ça ! Quelle déception ma soeur est morte brûlée pour rien’”.

Des mesures déjà existantes ?

Le collectif #NousToutes critique également certaines mesures d’Edouard Philippe, qui seraient déjà prévues dans la loi. Parmi les mesures annoncées par le Premier ministre, Caroline de Haas relève que plusieurs seraient déjà existantes, comme la possibilité de lever le secret médical en cas de danger de mort, la grille d’évaluation des signaux d’alerte pour les forces de l’ordre ou encore la formation des professionnels de l’éducation à la prévention des violences, annoncée par Edouard Philippe mais prévue dans la loi du 9 juillet 2010. “Sincèrement, ce n’est pas sérieux”, déplore sur Twitter la militante de #NousToutes.

Alors qu’après les annonces, Caroline de Haas juge que “la déception est à la hauteur de l'immense attente soulevée ces derniers mois”, les militantes de #NousToutes appellent à un rassemblement ce lundi, à 18 heures, pour “dénoncer le manque d'ambition du gouvernement”.

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