Avec la « Grande parade », Macron ferme définitivement sa parenthèse enchantée des Jeux olympiques
POLITIQUE - Vous reprendrez bien une petite louche de « vraie vie » ? Une semaine après la clôture officielle des Jeux de Paris 2024, l’extinction de la flamme olympique et la passation des drapeaux à Los Angeles, la France s’offre un dernier moment de communion (sportive) ce samedi 14 septembre sur les Champs-Élysées.
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Pensée et annoncée par Emmanuel Macron, cette « Grande parade » rassemblera de nombreux athlètes, plusieurs milliers de bénévoles, agents et autres acteurs des jeux, et quelque 70 000 spectateurs sur l’avenue parisienne mythique. Suivra ensuite, une cérémonie de remise de médailles (républicaines, cette fois). Puis un concert gratuit qui devrait se transformer en karaoké géant.
En somme, voilà l’ultime soubresaut de la « vraie vie », selon l’expression d’Emmanuel Macron à la fin de la quinzaine olympique, quand il voulait que cette atmosphère de fête ne s’arrête jamais : « on n’a pas envie que la vie reprenne ses droits. Parce qu’au fond, la vie, c’est ce qu’on a vécu ces dernières semaines. »
JO, succès fou
On le comprend. Pour le chef de l’État, aussi, cet été s’est transformé en parenthèse enchantée. Emmanuel Macron, qui a engagé tout son crédit politique ou presque, en faisant des Jeux olympiques l’un des seuls caps clairs de son second mandat, peut se réjouir : le mois de « fierté française » qu’il espérait lors de ses derniers vœux aux Français a bien eu lieu.
Les doutes des esprits les plus chagrins ou réfractaires ont été balayés en quelques heures, le temps de la cérémonie d’ouverture, de Céline Dion en haut de la Tour Eiffel et des sites olympiques irrésistibles au cœur de la capitale.
Investir la Seine pour y faire défiler les athlètes ? Une folie sécuritaire et mégalomane pour certains, devenue spectacle iconique, salué par la presse internationale comme la plus belle des cérémonies d’ouverture. Organiser une grande compétition sportive, mais inaccessible ? Trop chers et élitistes aux yeux d’une partie de la classe politique, ces jeux ont brillé grâce à la ferveur populaire jamais démentie, dans les fanzones et sur les sites de compétition.
Pour résumer, les voix critiques - dans les médias et la sphère politique - se sont tues à mesure que les images marquantes se sont accumulées dans cet album de famille géant. Les photos des cyclistes qui grimpent la Butte Montmartre noire de monde resteront. Comme celle des surfeurs sur la vague de Teahupoo, ou des BMX Place de la Concorde. Et maintenant ?
La flamme déjà éteinte
La parenthèse dorée va définitivement se refermer. Et la réalité ne va pas mettre longtemps à rattraper le chef de l’État, si ce n’est déjà fait. La trêve politique qu’il avait déclarée après sa dissolution (ratée) de l’Assemblée nationale a pris fin dans le fracas, et son souhait d’entretenir la flamme et l’esprit olympique n’a déjà plus guère de sens.
« Cet esprit des jeux nous montre une chose très simple. (...) Quand on est tous ensemble, on est imbattable », expliquait-il fin juillet, comme une ambition lancée à l’attention de la classe politique. Et d’ajouter : « je ne veux pas qu’on l’oublie, parce que, est-ce que l’intérêt de la nation vaudrait moins que les Jeux olympiques et paralympiques ? Non. »
Depuis, Emmanuel Macron s’est résolu à nommer Michel Barnier à Matignon, cette figure de la droite, membre des Républicains et dans le sérail depuis 50 ans. De quoi éteindre les lumières de la concorde. Au Rassemblement national on se réjouit de détenir le gouvernement dans sa main. À gauche, on dénonce désormais « une élection volée » dans les médias, voire dans la rue.
Cruelles différences avec cet esprit olympique qui aura gagné le pays plusieurs semaines durant. Emmanuel Macron, qui a perdu l’essentiel de son pouvoir lors des élections législatives, a déjà dû s’en rendre compte, dimanche dernier, quand il a été sifflé par une partie du public du Stade de France pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques.
Le chef de l’État souhaitait profiter d’un dernier moment de liesse une semaine plus tard pour annoncer en grande pompe des mesures concernant l’héritage des Jeux. Il l’a finalement fait la veille au soir dans les colonnes du Parisien, annonçant notamment une nouvelle « Fête nationale du sport ».
Mais il va bien falloir que la parenthèse enchantée se termine, que la vie réelle reprenne. Le petit rab sur les Champs-Élysées n’y changera rien.
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