Grève des enseignants du primaire : pourquoi les syndicats appellent au boycott des évaluations à l’école

La généralisation des évaluations nationales en primaire ne fait pas l’unanimité. Elles sont perçues comme un outil de « tri des élèves » ou de « contrôle » des enseignants.

Première grève de l’année à l’école, ce mardi 10 septembre. Plusieurs syndicats enseignants ont appelé au débrayage dans les écoles maternelles et élémentaires, une semaine après la rentrée. L’objet de la colère : la généralisation des évaluations nationales, en français et en mathématiques, dans les classes allant du CP au CM2.

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Ces tests, qui ont lieu du 10 septembre au 20 ou au 28 septembre, selon les niveaux, sont généralisés en cette rentrée à toutes les classes, du CP à la seconde (obligatoires en élémentaire, en 6e, en 4e, et facultatifs en 5e et 3e faute de moyens pour les imposer). C’est une nouveauté 2024 pour les CE2 et CM2.

Les objectifs de cette réforme, initiée par l’ancien ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, sont de permettre aux enseignants d’identifier rapidement les difficultés des élèves en début d’année, mais aussi de « disposer d’indicateurs permettant de mesurer, au niveau national, les performances du système éducatif », comme l’indique le ministère sur son site.

Un « outil pour trier les élèves »

Chez les syndicats d’enseignants, elle est loin de faire l’unanimité. Ces derniers craignent à la fois la lourdeur de leur mise en place, une menace pour la liberté pédagogique des professeurs et une « source de stress » pour les enseignants, les élèves et les familles.

« On n’a pas besoin de ces évaluations pour connaître le niveau de nos élèves », a expliqué Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire (maternelle et élémentaire), lors d’une conférence de presse le 26 août.

Selon les organisations syndicales, ces évaluations iraient surtout à l’encontre de l’intérêt des élèves. Dans un communiqué d’appel à la grève, SUD éducation estime qu’elles ne sont « pas utiles aux élèves et ne répondent pas aux difficultés scolaires » mais qu’au contraire « elles nient l’hétérogénéité des rythmes d’apprentissage des élèves et constituent une source de stress et de mal-être pour les élèves ».

Parmi les raisons de boycotter la réforme, le FSU-Snuipp s’inquiète que ces tests ne « servent à trier les élèves ». « Outils permettant notamment la mise en place des groupes de niveaux, les évaluations participent et renforcent la construction d’une école sélective et inégalitaire », développe le syndicat dans un flyer qui liste les raisons de s’y opposer.

Une « mise sous contrôle » des enseignants

Les enseignants craignent aussi une « mise sous contrôle » de leurs pratiques pédagogiques. Pour CGT Éducation, ces évaluations sont la « pierre angulaire d’un système global d’évaluation du système éducatif visant également à comparer les résultats de chaque enseignant.e et donc de les mettre en concurrence. C’est inacceptable », conclut le syndicat dans un communiqué qui appelle au boycott et à la grève ce 10 septembre.

Au sein des enseignants hors syndicats, les avis peuvent être plus nuancés. Dans Libération, certains voient ces évaluations comme un « outil neutre », permettant d’avoir une vision globale du niveau des élèves dans leur classe, mais aussi de repérer certaines difficultés dès le début de l’année ou d’adapter les programmes.

Avec cette journée de grève, les syndicats souhaitent aussi dénoncer plus largement les conditions de travail dans les écoles, notamment les effectifs d’élèves trop élevés dans les classes ou la pénurie d’enseignants. Ils réclament aussi l’abrogation des mesures du « choc des savoirs » dans son ensemble.

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