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La zone euro pourrait débloquer une tranche d'aide à la Grèce

par Renee Maltezou et Francesco Guarascio BRUXELLES (Reuters) - Les ministres des Finances de la zone euro pourraient accepter lundi de débloquer une nouvelle tranche d'aide à la Grèce mais ne devraient pas assouplir leur position sur un allègement de la dette du pays alors que le Fonds monétaire international (FMI) en a fait une condition pour participer au plan de sauvetage. La Grèce a besoin de nouveaux crédits pour rembourser 7,3 milliards d'euros qui arrivent à échéance en juillet. Athènes a fait sa part en acceptant, après des mois de négociations avec ses créanciers, une baisse des pensions de retraite et des hausses d'impôts, des mesures adoptées jeudi par le Parlement. Un rapport préparé par des experts doit conclure que la Grèce a bien mis en oeuvre les "actions préalables" réclamées par ses créanciers, déclarent les responsables de la zone euro. A la question de savoir quand de nouveaux prêts pourraient être accordés à Athènes, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a dit à la presse: "Si tout va bien, aujourd'hui." Mais l'objectif principal de l'Eurogroupe - inciter le FMI à participer au plan de sauvetage - pourrait être difficile à atteindre car le FMI veut que la zone euro s'engage dès aujourd'hui, plus fermement et dans le détail, à un allègement de la dette, même s'il n'aura lieu qu'en 2018, à la fin du plan. Cette exigence du FMI est difficile à avaler pour l'Allemagne, à quelques mois d'une échéance électorale. "Nous devons voir comment trouver une solution avec le FMI afin qu'il participe au programme, sans enfreindre ses règles (de financement). Ce sera un des sujets difficiles", a déclaré le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble. Le ministre belge des Finances, Johan Van Overtveldt, a averti de son côté sur le risque attaché à des promesses d'allègement de dette et noté que la Grèce bénéficiait déjà de conditions de financement très intéressantes grâce aux taux ultra-faibles du fonds de sauvetage, le Mécanisme de stabilité européen (MES). Jeroen Dijsselbloem a réaffirmé pour sa part qu'une décision formelle sur un éventuel allègement de la dette grecque ne pourrait intervenir qu'à l'expiration du programme en cours. Un groupe de pays d'Europe du Nord conduit par l'Allemagne réclame que l'IMF se joigne à un accord pour des raisons de crédibilité, estimant que l'approche de la Commission européenne vis-à-vis d'Athènes peut être parfois trop complaisante. Les mêmes pays s'opposent toutefois à s'engager fermement en faveur d'un allègement de la dette grecque, de peur de déplaire à leurs opinions publiques. Ils craignent aussi qu'Athènes, une fois conclu un accord, cesse de poursuivre ses réformes. La discussion porte donc sur la formulation d'un communiqué de l'Eurozone sur un allègement de dette qui soit plus détaillé et concret que celui de mai 2016. Le FMI est convaincu qu'un allègement de dette, ou au moins la promesse claire d'un allègement aujourd'hui, est nécessaire pour restaurer la confiance des investisseurs dans le pays, en particulier si la Grèce, dont la dette représente 197% du PIB, veut revenir l'an prochain sur les marchés. Mais l'Allemagne et ses alliés pensent que si la Grèce conserve un excédent primaire (hors service de la dette) suffisamment élevé pendant assez longtemps, avec les taux bas du MES, elle n'aura pas besoin d'un allègement de sa dette. (Francesco Guarascio et Renee Maltezou, Juliette Rouillon, Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)