Grèce: à Lesbos, la majorité de demandeurs d'asile installés dans un nouveau camp

Les réfugiés du camp de la Moria, qui a brulé, sont progressivement transférés dans un nouveau camp provisoire, une méthode déjà critiquée.

Un nouveau camp provisoire sur l'île grecque de Lesbos comptait samedi 9000 demandeurs d'asile sur les 12.700 laissés sans abri par les incendies qui ont détruit le camp de Moria il y a dix jours, selon le ministre des Migrations local. Ce camp, d'une capacité de 8000 à 10.000 selon les autorités, a été installé à la hâte dans un ancien champ de tir à trois kilomètres du port de Mytilène, chef-lieu de l'île.

Après avoir campé pour de nombreux jours au bord de la route reliant Moria à Mytilène, sur l'asphalte, dans des bâtiments abandonnés ou dans des champs, les demandeurs d'asile chassés de Moria, ont commencé à entrer dans ce nouveau camp ces derniers jours après une opération policière visant à vider les routes.

"Ce qu'ils demandent ce n'est pas d'être installés dans un nouveau camp"

Mais beaucoup d'entre eux ont peur de s'y retrouver de nouveau bloqués dans des conditions difficiles comme celles à Moria où ils attendaient depuis des mois, certains des années, leur transfert vers la Grèce continentale. "Les patients que nous suivons de manière régulière sont dans un état pire qu'avant", témoignait jeudi Francisca Bohle Carbonell, responsable des soins infirmiers pour Médecins Sans Frontières, sur Twitter.

"Ce dont ces gens ont besoin, et ce qu'ils demandent, ce n'est pas d'être installés dans un nouveau camp. Ce dont les gens ont besoin et ce qu'ils demandent, et ce que nous demandons aussi, c'est leur évacuation", déclare-t-elle. "Ces gens doivent être transférés en lieu sûr en Grèce ou dans d'autres États européens."

Le nouveau camp est déjà critiqué, en raison de la vétusté des installations. "Pas d'eau courante, des toilettes pour 6000 personnes non nettoyées (...) c'est pire" que le camp de la Moria, témoigne une journaliste sur place.

Opérations de police pour ramener les migrants dans le camp

Ces derniers jours, les forces de l'ordre font le tour des campements de fortune, afin de rassembler les demandeurs d'asile et les mener vers ce nouveau camp. Une opération de police jeudi, et les menaces de ne pas traiter les demandes d'asile des récalcitrants, ont poussé plusieurs milliers de réfugiés à y entrer.

Les camps des migrants à travers le pays sont confinés depuis la mi-mars pour cause du Covid-19, alors que le déconfinement dans le reste du pays avait commencé début mai. Tous les demandeurs d'asile sont soumis à un test Covid-19 à l'entrée du camp. Jusqu'ici, 214 cas du nouveau coronavirus ont été détectés, selon le ministère des Migrations.

"Ca justifie des opérations de police, des fois avec des insultes, des fois en les traitant comme des animaux", déclare à BFMTV Stephan Oberreit, chef de mission MSF en Grèce. "Par ailleurs en leur disant: 'si vous ne rentrez pas là, maintenant, vous n'aurez pas le droit de faire de demande d'asile'. Des menaces. Ce n'est pas comme cela que l'on traite une population multi-traumatisée, c'est inacceptable".

Le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) a indiqué qu'il soutenait ce nouveau camp "en tant que solution temporaire", mais a mis en garde contre toute pérennisation d'une installation d'urgence. "Les autorités grecques doivent clarifier" le futur de ce site, écrit l'agence onusienne.

Article original publié sur BFMTV.com

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