Les gouvernements de l'UE acceptent d'intensifier la chasse et l'abattage du loup

L'UE a fait un pas de plus vers la légalisation de l'abattage ou de la chasse systématique des loups. Les gouvernements se sont mis d'accord mercredi (25 septembre) pour proposer des modifications à une convention internationale sur la conservation de la faune et de la flore sauvages, une décision critiquée par les groupes écologistes.

Les diplomates de l’UE se sont entendus à huis clos pour voter en faveur du dépôt d'une motion visant à rétrograder le statut des loups, dans le cadre de la Convention de Berne de 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe. Ils approuvent ainsi la proposition présentée par la Commission européenne en décembre dernier.

Le basculement en faveur de la position de l'exécutif européen semble être dû en grande partie à l'Allemagne.

Les ministres doivent procéder à un vote formel sur la proposition demain. Selon des sources diplomatiques, seules l'Irlande et l'Espagne ont l'intention de voter contre la proposition, la Slovénie, la Belgique et Malte devraient s'abstenir.

Selon le projet, le statut du loup passerait de "strictement protégé" à "protégé" en vertu de la Convention de Berne, ce qui permettrait à l'UE de modifier sa directive Habitats afin d'assouplir la protection de l'espèce qui, en vertu des règles actuelles, ne peut être tuée qu'avec une autorisation spécifique.

Les organisations de défense de l’environnement condamnent unanimement la décision des gouvernements.

"En répondant aux campagnes d'alarmisme populiste et en abandonnant les faits et les solutions pragmatiques, l'UE et le gouvernement allemand sapent encore plus la démocratie et la cohésion européennes", regrette Sophie Ruysschaert, spécialiste de la restauration de la nature chez BirdLife Europe.

Pour Sabien Leemans, responsable principal de la politique en matière de biodiversité au bureau européen du WWF, cette décision envoie un "signal désastreux et honteux de la part de l'Europe", moins d'un mois avant que les dirigeants mondiaux ne se réunissent en Colombie pour la conférence des parties (COP16) de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique.

"Comment pouvons-nous demander à d'autres régions de protéger leur biodiversité et de vivre avec des espèces comme les tigres, les lions ou les éléphants, alors que nous ne pouvons pas cohabiter avec le loup ?", s’interroge Sabien Leemans.

En revanche, le Parti populaire européen (PPE) se félicite de cette décision qu'il attribue à "des années de pression persistante" de la part du plus grand groupe du Parlement européen.

"Il s'agit d'une avancée majeure dans la lutte contre la forte augmentation des populations de loups, qui représentent une menace croissante pour l'élevage pastoral, le tourisme et les communautés rurales à travers l'Europe", explique l'eurodéputé Herbert Dorfmann, responsable de la politique agricole du PPE.

Peter Liese, qui dirige la délégation chrétienne-démocrate au sein de la commission Environnement, fait écho aux commentaires d’Herbert Dorfmann, tout en affirmant que "les gens sont inquiets de l'augmentation de la population de loups en Europe".

La Commission européenne salue l'accord provisoire, soulignant que les États membres de l'UE seraient tenus de "maintenir un état de conservation favorable pour l'espèce même après le changement de statut".

"Lorsqu'il s'agit de modifier la législation européenne, nous avons été très clairs sur le fait qu'il s'agit du loup et uniquement du loup", insiste un porte-parole de la Commission.

Le Copa-Cogeca, le lobby de l’agriculture conventionnelle, se félicite également du signal envoyé par les gouvernements. "Nous sommes heureux de voir que les institutions de l'Union européenne sont à l'écoute des besoins des agriculteurs et des habitants des zones rurales, malgré les nombreuses pressions exercées par ceux qui n'ont souvent pas à faire face aux conséquences des attaques", écrit le communiqué.

Une fois approuvée par les ministres, la proposition de l'UE devrait être présentée lors d'une réunion du comité permanent de la Convention de Berne prévue début décembre.