Le gouvernement de Michel Barnier ne compte aucun épouvantail du RN, l’extrême droite met la pression
POLITIQUE - Le Rassemblement national avait des exigences. Ses fameuses « lignes rouges ». Ni Xavier Bertrand, ni Éric Dupond-Moretti ne devaient figurer dans le nouveau gouvernement. Tous les deux sont accusés de « manquer de respect » aux électeurs du RN. Le premier, président de la région Hauts-de-France, appelle régulièrement à faire barrage à l’extrême droite au second tour. Ce qui ulcère naturellement le RN.
Quant au second, qui va être remplacé par Didier Migaud au ministère de la Justice, « il fait des bras d’honneur à l’opposition et insulte copieusement l’ensemble de ceux qui ont le malheur d’être en désaccord avec lui », avait fustigé Marine Le Pen dans une interview au Parisien le 18 septembre. Si l’un ou l’autre était venu à être nommé, le RN se réservait le droit de censurer immédiatement le gouvernement.
Cela a-t-il eu une incidence sur les réflexions de Michel Barnier ? Dans l’annonce faite le 21 septembre par Alexis Kohler, le nom des deux hommes n’est en tout cas pas apparu. Ce qui vaut soulagement au sein du parti d’extrême droite. « Nous avons réussi à éviter le pire, se réjouit le député RN Jean-Philippe Tanguy sur LCI. Les personnalités qui ne respectent ni les électeurs ni la République, dehors. Donc c’est toujours ça de pris ».
À gauche, on a vu la même chose mais les conclusions ne sont pas les mêmes. « Le RN tient en joue le gouvernement », s’alarme la députée écologiste Sandrine Rousseau. « Emmanuel Macron a la protection du RN qui a obtenu en échange que des racistes soient au gouvernement », pointe carrément sa collègue insoumise Sophia Chikirou.
La motion de censure n’est pas loin
Mais au RN, on assure simplement ne pas censurer par principe. Si Michel Barnier se croit épargné, la chute risque d’être brutale. Car bien qu’il n’ait pas franchi « les lignes rouges », le RN n’a pas grand intérêt à le soutenir dans la durée. « Il n’a jamais été question de soutenir ce gouvernement, seulement d’agir en responsabilités », précise Jean-Philippe Tanguy, pour qui Michel Barnier, « par son idéologie, est un macroniste. C’est la parfaite continuité avec le macronisme ». « Ce que les Français ont démocratiquement sanctionné, à deux reprises, ne peut revenir par de lamentables jeux d’appareils et calculs politiciens », regrette aussi le patron du parti, Jordan Bardella. Selon lui, « c’est donc un gouvernement qui n’a aucun avenir ». De là à voter la censure déposée par la gauche, arrivée première aux dernières élections législatives ?
« On va laisser Michel Barnier faire son discours de politique générale et on va voir ce que l’on fait au moment du budget », répond le vice-président du RN et député du Nord Sébastien Chenu sur France 5. Quelques heures plus tard sur Europe 1, il indiquait que « le sablier est renversé » et que « la durée de vie de ce gouvernement est comptée ». Le Budget sera donc l’étape fatidique pour le parti d’extrême droite qui jugera alors si les arbitrages faits par le gouvernement et votés ou non par l’Assemblée vont dans le bon sens. « Essayons de limiter la casse et peut-être que par miracle, il y aura de bonnes décisions », veut croire Jean-Philippe Tanguy.
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