"Le gouvernement de la Manif pour tous": face au casting de Barnier, Panot dénonce "l'extrême-droitisation" de la macronie

Une liste qui ne passe pas à gauche. Après les 38 noms de potentiels ministres presentés par Michel Barnier à Emmanuel Macron ce jeudi soir, la gauche ne digère pas le futur casting gouvernemental. Le nom de la sénatrice Les Républicains (LR), Laurence Garnier, pressentie pour intégrer le ministère délégué aux Familles, est particulièrement critiqué de par ses positions contre le mariage pour tous.

"Ça va être le gouvernement de la 'Manif pour tous'", s'agace ainsi Mathilde Panot, la présidente des députés insoumis ce vendredi matin sur TF1, dénonçant "dans les noms qui sont donnés pour l'instant une extrême-droitisation de la macronie".

"La honte"

Même son de cloche pour Clémentine Autain qui siège désormais avec les écologistes. "J'ai le sentiment d'un jour sans fin, d'une grande farce et d'une grande honte pour la France. C'est la honte pour la France", avance sur RTL la députée, en froid avec La France insoumise depuis les dernières législatives.

Méconnue du grand public, Laurence Gsénatrice de Loire-Atlantique affiche un profil très conservateur. Cette proche de Bruno Retailleau a été l'un des soutiens de la Manif pour tous pendant le quinquennat de François Hollande.

Plus récemment, la parlementaire a voté contre la création d'un délit punissant les thérapies de conversion, ces pratiques visant à imposer l'hétérosexualité aux personnes LGBT.

"Pas un bon signe"

Laurence Garnier s'est également opposée à l'inscription de l'IVG dans la Constitution à deux reprises au Sénat en 2023 et en 2024. Le texte a été officiellement promulgué par Emmanuel Macron en mars dernier, après un vote favorable au Congrès.

"Elle est une femme de droite très marquée, qui a eu des engagements sociétaux que j'ai toujours combattus. Ce n'est pas un bon signe. C'est un symbole qui est donné", s'est inquiété sur BFMTV le chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner, qui siège avec Laurence Garnier à la commission culture et éducation du Sénat.

Ce n'est la première fois que le profil de ministres conservateurs sur les questions de société crispe la classe politique ces dernières années. Catherine Vautrin avait ainsi été pressentie pour devenir Première ministre après l'élection présidentielle de 2022.

Déjà des polémiques autour des cas Vautrin et Cayeux

Mais son engagement contre le mariage pour tous avait suscité une levée de boucliers de l'aile gauche de la macronie tout comme du Modem, contraignant Emmanuel Macron à reculer. Catherine Vautrin a cependant bien intégré le gouvernement comme ministre du Travail. Elle devrait d'ailleurs faire partie du nouvel exécutif.

Même constat pour Caroline Cayeux qui était bien devenue ministre déléguée aux Collectivités terroriales en dépit de son opposition au mariage pour tous. Quelques jours après son arrivée au gouvernement, elle avait été interrogée sur une tribune qu'elle avait signée en 2013 qui considérait l'ouverture au mariage pour les couples de même sexe commme "un dessein qui va contre la nature". Elle avait maintenu ces propos, évoquant notamment "ces gens-là".

"Provocation"

Laurence Garnier, si elle était nommée, serait par ailleurs à l'opposée de la ministre sortante Sarah El Haïry. L'élue Modem est la première femme ministre à rendre publique son homosexualité et sa grossesse issue d'une procréation médicalement assistée (PMA) avec sa compagne.

"Nommer une femme politique qui a voté contre l'inscription de l'IVG dans la Constitution ministre des Familles. Michel Barnier n'aurait même pas dû avoir cette provocation-là ", dénonce de son côté le député socialiste Jérôme Guedj sur Sud radio.

Manifestement soucieux de faire redescendre la pression Emmanuel Macron a demandé à Michel Barnier de retirer Laurence Garnier de la liste du futur gouvernement, d'après des informations de BFMTV confirmant celles de France info. Il faut dire que l'aile gauche du camp présidentiel ne digère pas non plus cette possible arrivée.

"Le Président ne veut pas que la nouvelle équipe détricote ses réformes. Les positions de Garnier sont aux antipodes de ce qui a été défendu par les précédentes équipes", défend un ancien ministre.

Article original publié sur BFMTV.com