Le gouvernement et l'opposition de droite rejettent l'idée de légaliser le cannabis

Lors d'une manifestation pour la dépénalisation du cannabis en France, à Paris le 12 mai 2018
 - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Lors d'une manifestation pour la dépénalisation du cannabis en France, à Paris le 12 mai 2018 - Thomas SAMSON © 2019 AFP

La légalisation du cannabis n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement ni des députés et sénateurs "Les Républicains". Cette idée, lancée dans un premier temps par trois maires LR dans le JDD du 26 septembre dernier, a été désavouée par plusieurs ministres et 80 parlementaires de droite.

Dupond-Moretti, Schiappa et Darmanin sur la même ligne

Eric Dupond-Moretti a livré sa position au cours d'un entretien publié par Le Figaro ce mardi: "Le cannabis déscolarise, rend dépendant psychologiquement, et a des effets délétères sur la santé mentale et physique. J’ai donc toujours été opposé à sa dépénalisation". "Je pense que cela ne fera que déplacer la délinquance vers d’autres drogues comme la cocaïne et l’héroïne", a ajouté le Garde des sceaux.

Sur le plateau de LCP lundi, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, a abondé dans le même sens:

"Je suis contre la légalisation du cannabis. Pourquoi ? Parce que généralement ça mène à la consommation de drogues plus dures et qu’on sait que ça sert à financer les réseaux de traite des êtres humains et d’ailleurs en partie les activités terroristes qu’on évoquait."

Elle se trouve sur la même ligne que le ministre de l'Intérieur. Répondant à L'Union, Gérald Darmanin déclarait sans ambages à la mi-septembre: "Je ne peux pas, en tant que ministre de l'Intérieur, en tant qu'homme politique, dire à des parents qui se battent pour que leurs enfants sortent de l'addiction à la drogue, que l'on va légaliser cette merde. Et je dis bien 'cette merde".

Députés et sénateurs contre maires: les élus LR se déchirent

Une expérimentation de l'usage médical du cannabis, validée par l'Assemblée nationale en octobre 2019, est censée débuter en janvier 2021, reportée de trois mois par rapport à son lancement initialement fixé au mois de septembre dernier.

Marlène Schiappa a là aussi exprimé ses réserves auprès de LCP.

"C’est mon avis personnel, il n’engage que moi. Je trouve qu’on prend beaucoup trop à la légère la question des consommations des drogues dites 'douces' et même cette appellation ne me convient pas", a-t-elle lâché, précisant cependant: "Il y aura expérimentation, je suis respectueuse de la loi. Ce qui est voté se fera." dans l'après-midi ce mardi, son cabinet a assuré au Huffington Post qu'elle s'était trompée: "La ministre a mal compris la question, elle était sur le cannabis récréatif, car c’était l’objet de la discussion précédent l’émission. Elle a donc répondu sur le cannabis récréatif. Elle a d’ailleurs eu les députés en pointe sur ce sujet pour leur dire"

Toutefois, l'origine de ces montées au créneau ne se situe pas dans le débat autour de l'expérimentation du cannabis thérapeutique. Elle dérive d'une controverse entre élus "les Républicains" auxquels le JDD a ouvert ses colonnes. Le 26 septembre en effet, les maires de Châteauroux, Charleville-Mézières et Reims, ont proposé de légaliser le cannabis. Sans nier le danger représenté par le stupéfiant pour la santé du consommateur, ils ont résumé leur impératif dans leur tribune: "Légaliser le cannabis est le meilleur moyen d’en anéantir le trafic et de ruiner les trafiquants."

"Pas un prétexte à la légalisation des 'joints'"

Dimanche dernier, 80 députés et sénateurs de leur famille politique les ont rabroués dans un nouveau texte. "Il n’y a pas de 'drogue douce'. La drogue est un poison, un fléau que nous devons combattre!", ont-ils écrit. "Psychose, schizophrénie, dépression, échec scolaire, déscolarisation, désocialisation... Les drames liés au cannabis sont nombreux. Nous partageons les mots du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin: 'La drogue, c’est de la merde!'", ont-ils encore affirmé.

"L’expérimentation de l’usage médical du cannabis, qui devrait démarrer en janvier 2021 et durer deux ans, ne doit pas être un prétexte à la légalisation de la consommation de 'joints'", ont-ils enfin souligné.

Article original publié sur BFMTV.com