Le gouvernement Gabriel Attal bat le record du gouvernement d'"affaires courantes" le plus long

Une situation provisoire qui tend à durer. Rappelez-vous, avant les Jeux de Paris 2024 et après le résultat des législatives qui a vu la défaite du camp présidentiel, Gabriel Attal a déposé sa démission. Cette dernière -refusée une première fois le 8 juillet par le chef de l'État- a finalement était acceptée le 16 juillet 2024.

Cela fait donc 38 jours que le Premier ministre est à la tête d'un gouvernement démissionnaire, en gestion des "affaires courantes". Le temps qu'Emmanuel Macron nomme un nouveau locataire à Matignon.

Record de 37 jours battus

Pour observer une situation parfaitement similaire, il faut remonter jusqu'à la 4e République où le précédent record de latence était de 37 jours. À plusieurs reprises, au 19e et au 20e siècle, des périodes de gouvernement démissionnaire ont bien eu lieu, mais jamais dans ces proportions.

Jusqu'à présent, la plus longue latence s'était déroulée à deux reprises: entre mai et juin 1953 puis du 30 septembre au 6 novembre 1957. Sans excéder toutefois les 37 jours. Record battu donc pour les affaires courantes de Gabriel Attal.

Des précédents plus longs mais en période d'élection

Une période d'instabilité politique sous le troisième gouvernement de Charles De Gaulle avait bien duré plus longtemps, entre octobre 1958 et janvier 1959, mais dans des circonstances différentes, comme le rappellent nos confrères de Ouest France. Il s'agissait, alors, d'assurer l'intérim pour organiser la tenue de la première élection présidentielle en décembre (remportée par Charles de Gaulle) et des législatives suivantes.

La 5e République a, connu une période de latence plus longue encore que celle du gouvernement de Gabriel Attal. Soit 62 jours de gouvernement démissionnaire. Mais la situation n'était pas vraiment comparable.

En 1962, après une motion de censure qui suit la convocation par Charles De Gaulle d'un référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel, le gouvernement de Georges Pompidou connaît une longue période d'inertie.

Le gouvernement censuré, le président dissout l'Assemblée. De nouvelles élections législatives se tiennent du 18 au 25 novembre 1962. Entre la motion de censure le 5 octobre et la nomination d'un nouveau gouvernement, il s'est donc passé 62 jours.

Une période particulière pour le constitutionnaliste et professeur des universités à l’Université Toulouse-Capitole, Mathieu Carpentier, interrogé par nos confrères de Libération.

"C’est l'organisation du référendum et les élections législatives qui ont rallongé la durée de vie du gouvernement démissionnaire. Ici (dans le cas du gouvernement de Gabriel Attal, NDLR), on n’est pas dans ce contexte d’échéances électorales, rien n’empêche Macron de nommer un gouvernement", explique-t-il.

Pas de date fixée pour sceller ce record

Pour l'instant, personne ni l'Élysée n'est en capacité de prévoir jusqu'à quand cette gestion des affaires courantes par Gabriel Attal va encore durer. "Rien n'est exclu, rien n'est arrêté!" ménage toujours le palais présidentiel.

Ce vendredi 23 août ouvre la séquence de consultations de toutes les forces politiques par Emmanuel Macron en vue de trouver un gouvernement de compromis.

Elle devrait se terminer lundi par la concertation avec les forces d'extrême droite, Marine Le Pen, Jordan Bardella puis le patron de Républicains, Éric Ciotti, qui avait annoncé s'allier au Rassemblement national pour les législatives.

La situation de latence des ministres démissionnaires ne devrait donc plus durer très longtemps. Il y a intérêt menace le NFP et en particulier les Insoumis qui font planer le risque d'une éventuelle procédure de destitution.

"Le record de tous les scandales démocratiques"

L'opposition de gauche tire désormais à boulets rouges sur le temps pris par le chef de l'État. Ce même jour, la cheffe de file des Insoumis à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, a fustigé un "record de tous les scandales démocratiques", estimant qu'Emmanuel Macron refuse de respecter le résultat des législatives qui avait placé le Nouveau Front populaire en tête.

La députée du Val-de-Marne a dénoncé sur LCI ce vendredi "la gravité extrême" de la situation. Après avoir dépassé le record de la 5e puis de la 4e République, "Emmanuel Macron risque de le dépasser largement" a-t-elle appuyé.

La veille, dans une lettre adressée aux Français jeudi 22 août, les représentants du Nouveau front populaire ont fustigé "l'inaction grave et délétère" d'Emmanuel Macron.

Article original publié sur BFMTV.com