Gouvernement Castex: un "coup de barre à droite" pour l'exécutif?

Plusieurs ministres membres du gouvernement Castex - Thomas Coex
Plusieurs ministres membres du gouvernement Castex - Thomas Coex

Virage à droite pour la macronie? Alors que huit nouvelles têtes font leur arrivée au sein du gouvernement, d'autres se voient confortées dans leur ministère par Emmanuel Macron. Et pas n'importe lesquelles: c'est le cas notamment de Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, qui récupère le portefeuille du Budget. Ou encore de Gérald Darmanin, qui hérite du ministère de l'Intérieur, au grand bonheur du président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand.

D'anciens membres des Républicains qu'Emmanuel Macron a décidé de récompenser, au même titre que Jean-Michel Blanquer, ami de François Baroin, désormais en charge de l'Éducation et des Sports. L'une des arrivées les plus commentées est celle de l'ancienne ministre Roselyne Bachelot, qui après avoir exercé sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, récupère le portefeuille de la Culture.

Désormais au ministère du Travail, Élisabeth Borne sera elle accompagnée à l'Emploi et à l'Insertion de Brigitte Klinkert, aujourd'hui élue divers droite mais ex-LR, présidente du conseil départemental du Haut-Rhin.

Surprise et scepticisme à gauche

Les arrivées de personnalités classées plus à gauche de l'échiquier politique sont plus rares. Barbara Pompili, qui hérite du ministère de la Transition écologique, va devoir s'imposer à la fois auprès des élus d'opposition - notamment de son ancien parti EELV victorieux des dernières municipales - mais aussi au sein de son propre gouvernement.

Pour tenter de peser davantage, après une première partie de quinquennat en deçà de ses espérances, elle avait créé récemment, avec l'ex-chiraquien Hugues Renson, l'association "En Commun" qui rassemble une cinquantaine de députés LREM de sensibilité sociale et écologique.

Son ancienne camarade écologiste Esther Benbassa n'a pas caché son scepticisme lundi soir à l'annonce de son arrivée à ce ministère.

Autre nomination au sein de LaREM, celle de l'ancienne élue socialiste Brigitte Bourguignon. La députée, en charge de présider la commission d'enquête sur la gestion de crise du coronavirus à l'Assemblée, se retrouve désormais à piloter le lourd dossier de l'Autonomie, en lien avec le grand âge aux côtés d'Olivier Véran, reconduit à la Santé.

"Un gouvernement libéral banal" pour Mélenchon

Un ballet de ministres qui se greffe à la nomination vendredi dernier de Jean Castex à Matignon. Le maire de Prades a quitté LR avant de prendre la succession d'Édouard Philippe, lui-même ancien membre des Républicains. Parmi les premières réactions Jean-Luc Mélenchon a tancé sur Twitter "un gouvernement libéral banal". Christian Jacob (LR) y a vu "essentiellement un jeu de chaises musicales". "Tout ça pour ça!".

Le jugement est similaire ce matin dans la presse. Stéphane Vernay considère dans Ouest-France qu'Emmanuel Macron se constitue là une "équipe de combat... pour 2022". "Sans changement de cap par rapport à 2017. Mais avec un coup de barre à droite", relève-t-il. Pour l'éditorialiste Pascal Coquis des Dernières Nouvelles d'Alsace, les nominations surprises de Roselyne Bachelot ou Éric Dupond-Moretti ont vocation à "détourner l'attention" du virage à droite affirmé de ce nouveau gouvernement.

"Un centre de gravité au... centre droit, sans ralliement spectaculaire venu de la gauche ni débauchage symbolique venu de la droite", analyse de son côté Nicolas Beytout dans l'Opinion. "Cap à tribord!", lance même Vincent Trémolet de Villers dans son édito du Figaro.

La semaine dernière, l'entourage du président assurait l'arrivée "de nouveaux talents" et de "personnalités venues d'horizons différents". Cap à bâbord pour les secrétariats d'Etat en fin de semaine?

Article original publié sur BFMTV.com