Gouvernement: Barnier a reçu Retailleau et Migaud pour "trouver des lignes communes"

Une réunion de travail pour détendre une atmosphère à couteaux tirés. Michel Barnier a accueilli ce jeudi matin à Matignon son ministre de la Justice et son collègue de l'Intérieur, d'après des informations de L'Express confirmées par BFMTV. Officiellement au menu: une réunion pour préparer le discours de politique générale du Premier ministre mardi prochain.

"Ce n'était pas un recadrage", assure ainsi un membre de l'entourage du chef du gouvernement, qui évoque des discussions pour "trouver des lignes communes".

Michel Barnier a eu "ce matin une très bonne réunion de travail avec les ministres de l'Intérieur et de la Justice", a encore ajouté l'un de ses proches.

Bras de fer à distance

Difficile cependant de ne pas y voir un rendez-vous pour faire redescendre la pression entre ces deux figures de l'exécutif aux parcours diamètralement opposés. Bruno Retailleau, désormais ancien patron des sénateurs LR, a cultivé ses accents droitiers depuis son arrivée place Beauvau samedi.

Il a ainsi dénoncé "un droit à l'inexécution des peines" judiciaires et appelé à "changer la politique pénale", lors de sa première visite de terrain à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), après une interview dans la même veine sur TF1. Réponse de Didier Migaud le lendemain matin lors d'une visite à la prison de la Santé: "le laxime de la justice n'existe pas".

"Il faudra que je puisse contribuer à l'information de mon collègue", a encore ajouté cet ancien socialiste, évoquant "un taux d'exécution des peines de 95% qui n'a jamais aussi elevé" qu'en 2023.

Pas de "petites phrases"

Autant dire que ses piques à distance ont pu agacer le Premier ministre qui a appelé son gouvernement à éviter "les petites phrases" et à "agir avant de communiquer".

Ce mercredi, Bruno Retailleau s'est emparé de l'assassinat de Philippine, une jeune femme assassinée dans le bois de Boulogne. Un suspect de 22 ans, condamné par le passé pour viol et sous le coup d'une OQTF (obligation de quitter le territoire français), a été interpellé en Suisse.

De quoi pousser le ministre de l'Intérieur à appeler à "faire évoluer notre arsenal juridique" qui dépend de la place Vendôme et non de son ministère. "Face à un tel drame, précédé de bien d’autres, nous ne pouvons pas nous contenter de déplorer ou de nous indigner", a-t-il encore jugé.

Deux figures politiques bien utiles

Le ministre de la Justice n'a, lui, pas réagi. Les passes d'armes entre la Chancellerie et la place Beauvau ont beau être un classique de la vie politique, Michel Barnier n'a manifestement pas envie que ce clivage s'étale sur la place publique.

Il faut dire que Didier Migaud est la seule figure de gauche à être entré au gouvernement, un symbole bien utile à Matignon qui a promis de "parler à toutes les forces" parlementaires.

Quant à Bruno Retailleau, il est l'un des rares ministres très politiques du gouvernement, une denrée fort utile pour le chef du gouvernement qui risque d'en avoir bien besoin dans les prochaines semaines.

Article original publié sur BFMTV.com