Gouvernement Barnier : Philippe Brun refuse le Budget (et ça dit beaucoup des problèmes du Premier ministre)

Philippe Brun, député PS de l’Eure, photographié à l’Assemblée nationale le 10 juin (illustration)
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Philippe Brun, député PS de l’Eure, photographié à l’Assemblée nationale le 10 juin (illustration)

POLITIQUE - Premier ministre de droite cherche ministre de gauche pour coalition gouvernementale. Depuis maintenant une semaine, Michel Barnier essaie de résoudre une équation qui, sur le papier, paraît insoluble. Comment former un gouvernement comprenant des Républicains à l’appétit dévorant, un camp présidentiel inquiet de voir un exécutif pencher beaucoup à droite et des « gens de gauche » prêts à siéger au même Conseil des ministres que Laurent Wauquiez ?

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Si les conditions de coexistence entre la droite et la Macronie peuvent effectivement trouver un équilibre, le débauchage à gauche paraît hasardeux. Ce mardi 17 septembre, une (nouvelle) fin de non-recevoir adressée à Michel Barnier illustre cette difficulté. Auprès de l’AFP, le député socialiste de l’Eure, Philippe Brun, a annoncé qu’il avait décliné l’offre faite par le Premier ministre. Une proposition pourtant alléchante : le ministère du Budget, clé de voûte de l’appareil exécutif, a vu passer des noms comme Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Laurent Fabius.

Bonne pioche (en théorie)

Sur le papier, l’élu socialiste avait tout de la bonne pioche pour le Premier ministre. Diplômé de l’ENA, d’HEC et de Sciences Po, ce membre de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale est connu pour la rigueur de son travail et son attachement aux comptes de l’État. Après le second tour des élections législatives, Philippe Brun a fait partie des rares à gauche à imaginer une coalition gouvernementale qui irait du Nouveau Front populaire jusqu’à la droite sociale. Il imaginait alors un « un gouvernement d’union républicaine ou de salut public », soit peu ou prou ce qu’essaie de faire Michel Barnier aujourd’hui. Dans une tribune (remarquée) publiée dans Le Monde le 25 août, Philippe Brun plaidait pour un accord de non-censure entre la gauche et les autres forces politiques, hors RN.

Hélas pour le Premier ministre, cela ne suffit pas. Et pour une raison simple : il n’est pas facile d’imaginer qu’un ministre de gauche puisse mettre en œuvre des arbitrages décidés par la droite, dans la mesure où ce sont bien des orientations politiques qui dictent les choix budgétaires. En sortant de son rendez-vous, Philippe Brun a d’ailleurs fait valoir qu’il avait décliné car il n’est « pas d’accord avec la politique qui va être menée ». Une explication répétée auprès de L’Opinion : « Jamais je n’aurais noué un accord politique tout seul dans mon coin. D’autant que j’ai compris qu’il n’y aurait aucune inflexion de leur part, ni sur les salaires, ni sur les retraites ».

Et ce n’est pas le premier, à gauche, à refuser l’offre. Ce mardi, Politico rapporte que l’ancien ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, a poliment refusé l’approche qui lui a été faite, au sujet du ministère de l’Agriculture. Il y a cinq jours, c’est le maire du Mans, Stéphane Le Foll, qui a affirmé avoir rejeté une offre gouvernementale alors que François Rebsamen, son homologue de Dijon, fermait également la porte à toute participation.

Connu pour son talent de négociateur lors du Brexit, Michel Barnier n’a toujours pas trouvé la parade pour convaincre ses interlocuteurs de gauche. Il lui reste quelques jours pour y parvenir.

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