Gouvernement Barnier : François Hollande estime qu’il s’apparente à une « Restauration »

Francois Hollande à l’Assemblée le 18 juillet 2024.
BERTRAND GUAY / AFP Francois Hollande à l’Assemblée le 18 juillet 2024.

POLITIQUE - Un bond dans le passé. Avant même l’annonce officielle du premier gouvernement de Michel Barnier, les critiques sur les noms proposés par le chef du gouvernement au président de la République sont nombreuses à gauche. À commencer par l’ancien président socialiste, redevenu député, François Hollande.

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« Pourquoi y a-t-il eu une dissolution si c’est pour avoir à peu près les mêmes, plus à droite encore ? (...) Pourquoi y a-t-il eu une dissolution pour avoir les mêmes personnages ? Non seulement il n’y a pas un gouvernement qui correspond au front républicain mais c’est pire encore : on devait avoir un changement, on a une Restauration », cingle François Hollande au micro de France Bleu.

La période historique choisie par l’ancien chef d’État est à elle seule un tacle à la composition du gouvernement. La Restauration fait écho au retour de la monarchie des Bourbons à partir de 1814 après l’abdication de Napoléon et la défaite de l’Empire. Durant cette période, le roi Louis XVIII, frère de Louis XVI, fait promulguer la déclaration de Saint-Ouen puis la Charte constitutionnelle qui, malgré quelques ajustements comme la création de la Chambre des députés, réaffirme la toute-puissance du roi : « Nous avons considéré que, bien que l’autorité tout entière résidât en France dans la personne du roi, ses prédécesseurs n’avaient point hésité à en modifier l’exercice, suivant la différence des temps », est-il écrit par exemple.

Ou encore : « Nous avons reconnu que le vœu de nos sujets pour une Charte constitutionnelle était l’expression d’un besoin réel ; mais en cédant à ce vœu, nous avons pris toutes les précautions pour que cette Charte fût digne de nous et du peuple auquel nous sommes fiers de commander. » La période de la Restauration fut marquée par l’épisode des Cent jours et le bref retour de Napoléon entre mars et juillet 1815. Louis XVIII reprend ensuite le pouvoir, transmis à sa mort à son frère Charles X.

En employant ce terme, François Hollande déplore donc un retour en arrière après des élections législatives où le camp d’Emmanuel Macron a perdu une centaine de sièges, marquant de fait une volonté de changement de ligne politique.

« Gouvernement de vaincus »

Il n’est pas le seul. La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a fustigé un gouvernement qui « recycle tous les perdants des élections », déplorant l’entrée de figures de LR, parti qui n’a récolté que 5,42 % des voix aux dernières élections.

« En plus, on perçoit dans les noms qui sont donnés pour l’instant une extrême droitisation de la Macronie », ajoute-t-elle. Selon des participants à une ultime réunion entre Michel Barnier et les forces politiques jeudi, des figures de droite traditionnelles du parti Les Républicains sont pressenties : le sénateur Bruno Retailleau et les députés Annie Genevard et Patrick Hetzel sont cités, tout comme Laurence Garnier, dont les positions anti-mariage pour tous font hurler. Des proches de l’ex-ministre Gérald Darmanin, comme les députés Maud Bregeon ou Benjamin Haddad, classés dans l’aile droite de la Macronie pourraient aussi rejoindre l’équipe ministérielle.

« C’est l’alliance des perdants. Ce sont tous ceux qui ont perdu les élections. C’est grave en démocratie », abonde l’écologiste Sandrine Rousseau sur franceinfo. « C’est contre le peuple, contre la volonté des Français et des Françaises, contre leur vote. Ça pose une question fondamentale : à quoi ça sert de voter si ce sont ceux qui perdent qui prennent le pouvoir », ajoute-t-elle.

François Hollande ne dit pas autre chose : « Pourquoi y a-t-il eu une dissolution alors que ça a fait peser sur le pays une menace, celle de l’extrême droite, et surtout ça a provoqué trois mois d’absence totale de gouvernement et donc un pays (...) qui n’a pas pu avoir une décision au plus haut niveau sur des sujets comme l’agriculture, le pouvoir d’achat, la capacité à peser en Europe et dans le monde ? ». En quatre mots : tout ça pour ça.

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