Gouvernement Barnier: les électeurs peuvent se sentir "floués", selon Hollande
L'ancien président de la République et député socialiste François Hollande a estimé vendredi que les électeurs du front républicain pouvaient se sentir "floués" au moment où Michel Barnier, nommé à Matignon "avec l'assentiment de l'extrême droite", s'apprête à dévoiler la composition de son gouvernement.
Le député de Corrèze, de retour au Palais Bourbon après les législatives provoquées par la dissolution de l'Assemblée, s'exprimait devant des élèves du lycée Lapérouse d'Albi (Tarn) en marge d'une célébration du centenaire de la panthéonisation de Jean Jaurès, sur les terres qui avaient élu ce dernier député au début du siècle.
"Ce qui est difficile à comprendre et à admettre, c'est qu'alors que les deux tiers (des électeurs) ont plutôt adopté la ligne du front républicain (...) là, il y a un Premier ministre qui a été nommé parce qu'il avait l'assentiment de l'extrême droite", a commenté l'ancien président à l'endroit de Michel Barnier, qu'il a par ailleurs qualifié de "tout à fait respectable".
"C'est pour ça qu'on peut se sentir un peu floués", a-t-il poursuivi.
Après avoir assisté sous une pluie éparse et en compagnie de 600 lycéens à la reconstitution par l'acteur belge Jean-Claude Drouot du discours à la jeunesse prononcé dans ce même lycée par Jean Jaurès en 1903, François Hollande s'est prêté au jeu des questions-réponses avec des élèves.
L'une d'eux l'a questionné sur l'état de santé de la démocratie française face aux utilisations répétées de l'article 49.3 de la Constitution et à la nomination de Michel Barnier à Matignon, quand sa famille politique n'est arrivée qu'en quatrième position aux législatives.
"Comme président, j'ai utilisé le 49.3, mais je n'ai jamais nommé Michel Barnier", a plaisanté François Hollande, notant plus sérieusement que la question du budget, "pour le gouvernement de Michel Barnier", "va être son épreuve principale".
Convenant qu'"il y a quand même beaucoup de différences (...) entre (Jean-Luc) Mélenchon et moi", le Corrézien a par ailleurs défendu le Nouveau Front populaire, "alliance défensive" sans laquelle la gauche "aurait eu très peu de députés à l'Assemblée nationale".
Puis, invité à se projeter vers la présidentielle de 2027, il a jugé que "l'union" de la gauche serait à nouveau "nécessaire" mais qu'une victoire ne serait "possible que si la gauche +jauressienne+ (était) majoritaire par rapport à la gauche radicale".
vgr/elr/abl