Golden Coast, le festival qui veut devenir le Hellfest du rap
C'est le festival qui manquait à la France. Ces 13 et 14 septembre, le festival 100% hip hop, Golden Coast, lance sa première édition dans le Parc de la Combe à la Serpent, à Dijon.
Avec une programmation à faire trembler les plus gros événements musicaux de France - Booba, SCH, Ninho, La Fonky Family, SDM, Zola & Koba LaD, Josman - le festival a pour ambition de faire rayonner la culture hip-hop dans l'Hexagone et de s'imposer à terme comme festival de référence pour les amateurs de rap.
Un festival qui Vivien Becle, directeur artistique du festival nous raconte l'histoire de ce projet ambitieux
A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST
Combler un manque
Programmateur de longue date pour de nombreux événements en France, tels que les Eurockéennes ou le Cabaret Vert, Vivien Becle défend depuis plusieurs années la présence du rap dans les festivals, avec son collègue, Christian Alex, également programmateur.
C'est à eux que l'on doit notamment la venue de Kanye West, Jay-Z, Travis Scott, Booba ou PNL sur la scène des Eurockéennes de Belfort. "À ce moment-là, ce n’était pas quelque chose de très courant d’avoir du rap dans les gros festivals multigenres en France", assure Vivien Becle à BFMTV.com.
Pourtant, hors de l'Hexagone, les deux passionnés observent peu à peu l'émergence de festivals dédiés au hip-hop à l'instar du Rolling Loud aux États-Unis, du Wireless Festival à Londres, du Frauenfeld en Suisse ou des Ardentes en Belgique, qui a réalisé un virage 100% rap en 2018. Alors pourquoi pas la France?
"Dans un pays comme la France où le rap est numéro 1 depuis très longtemps et qui est le 2e marché pour le rap dans le monde après les États-Unis, on s'est dit que c’était une anomalie qu'il n'y ait pas encore de festival de grande envergure qui regroupe tous les artistes rap", affirme Vivien Becle.
L'idée germe alors dans l'esprit des deux programmateurs de créer leur propre festival . Et c'est pendant le confinement, en 2020, que le projet commence à prendre vie. "Comme on avait un peu de temps devant nous, j’ai commencé à écrire l’histoire de ce projet de A à Z et à monter un dossier", précise Vivien Becle.
Le Hellfest du rap
"Évidemment, il ne s'agissait pas simplement de mettre des rappeurs sur la même affiche. L'idée, c’était de créer un monde parallèle dans lequel on allait pouvoir ramener un public qui se retrouverait dans cet événement, comme le Hellfest l’est pour le métal ou les Nuits Sonores pour l’électro", ajoute le directeur artistique.
Pour lancer le projet, Vivien Becle imagine début 2023 des soirées rap, baptisées ANTDT, organisées entre Dijon et Reims. Chaque soir, ces événements parviennent à séduire "entre 4 et 8.000 personnes", indique le programmateur.
"L’idée c’était d’essayer de créer une communauté qui allait nous suivre sur des évènements rap dans ces deux villes là. Au total, on a réuni plus de 40.000 personnes. Ça nous a donné l'énergie de se dire: 'ok, on ne s'est pas trompé. Il y a vraiment quelque chose à creuser", poursuit Vivien Becle.
A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST
Dès lors, le directeur artistique, qui souhaite implanter son festival à Dijon, commence à le promouvoir auprès des politiques et de ses actuels partenaires Believe, Play Two et Combat Média - groupe fondé par Matthieu Pigasse déjà derrière Rock en Seine. "Ça peut être assez surprenant, mais ça a convaincu immédiatement', assure-t-il.
"Ce qui a plu, je pense, c’est l’ampleur nationale du projet, destiné à un jeune public, parce que c’est important d’offrir des choses à cette génération qui n’est pas souvent prise en compte par les festivals d’aujourd’hui", confie Vivien Becle.
"Finalement, au bout de deux an et demi de travail on a commencé à monter les équipes et à plancher sur le lancement. 2025, c’était trop tard pour nous, parce que plus on attend, plus d’autres personnes peuvent prendre ta place, donc on est parti sur 2024", poursuit-il.
Un line-up intergénérationnel
Dès décembre 2023, Golden Coast voit le jour et les premiers noms sont annoncés: Booba, Djadja et Dinaz, la Fonky Family, SCH, Lala &ce, SDM, Tif, So La Lune, Zamdane, Zola & Koba La D, Maureen... Un line-up 100% rap français impressionnant pour la première édition d'un festival.
"La programmation a été faite en 3 semaines", révèle toutefois Vivien Becle. "L'idée c’était d’être intergénérationnel". Selon le directeur artistique, ce qui a permis avant tout au Golden Coast de rassembler autant de têtes d'affiche est la relation de confiance qu'il a établie pendant des années avec les différents artistes sur de précédents festivals.
"Cette relation a clairement aidé parce que si demain vous êtes riche et que vous avez envie de faire un festival de rap, mais que vous n'êtes pas du tout dans le milieu, les agents ne vont pas forcément vous envoyer leurs artistes, parce qu’ils ne vous connaissent pas", assure-t-il.
"Nous, on a des années de travail et de relation derrière nous qui font qu’on n'a pas du tout eu de problème pour la programmation et pour convaincre les artistes de venir chez nous", ajoute Vivien Becle. Au total, près d'une cinquantaine d'artistes se partageront les quatre scènes prévues sur le site du Golden Coast.
"On a vendu 10.000 tickets dès la première semaine"
La billetterie ouvre au moment où sont annoncés les premiers noms du Golden Coast, début 2023. Les premières places partent très vite. "On a vendu entre 8 et 10.000 tickets dès la première semaine", se souvient Vivien Becle.
"On s’est vite rendu compte au moment du lancement que ça allait prendre assez fort. C’est beaucoup plus que d’autres festivals comme le Cabaret Vert, par exemple. C’est fou, on n'avait pas du tout anticipé ça", se réjouit-il.
L'engouement est tel que les organisateurs sont obligés de changer le lieu de l'événement pour d'être sûrs de pouvoir accueillir tous les festivaliers. À l'origine prévu sur l'ancienne base aérienne 102 près de Dijon, le Golden Coast se déroulera finalement au Parc de la Combe à la Serpent.
Fin août, lors de notre entretien, plus de 80% des billets avaient été écoulés. "On espérait qu’on allait attirer du monde mais pas à ce point, c'est hallucinant. Mais ça veut aussi dire que le manque était réel", note le programmateur.
De la musique mais pas que
Vivien Becle précise que le Golden Coast mettra à l'honneur la "culture rap dans son ensemble" en proposant, en plus des concerts, de nombreuses activités en lien avec l'histoire du genre.
"Contrairement à un festival généraliste, quand on gère un festival de genre, on peut vraiment pousser les curseurs à fond dans l’organisation. On retrouvera donc de la danse, du sport, de culture de la sappe mais aussi de la food. On a une trentaine de stands prévus où on fera la part belle à tout ce qui est local", détaille-t-il.
Sur place, les festivaliers pourront ainsi s'amuser entre deux concerts à lancer des paniers sur un terrain de basket 3x3 construit pour l'occasion en partenariat avec la JDA, le club pro de Dijon.
A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST
Il sera également possible d'assister à des spectacles de danse assurés par l'école de danse hip-hop Figure 2 Style School de Dijon et le studio 511 de Reims, ou encore de se détendre en jouant sur des bornes d'arcade fournies par l'entreprise bourguignonne Arcade Legends.
"Maintenant qu'on sait que le public va être présent, il faut que tout se passe bien pour qu’il ait envie de revenir pour une deuxième édition", glisse Vivien Becle. Et il a déjà beaucoup d'idées: "On va laisser passer cette première édition, mais pour la suite, on va essayer d’ouvrir un peu plus sur les cultures annexes du rap: DJ, trap et pourquoi pas faire venir quelques noms internationaux".