Les GLP-1 : une incroyable success-story
Ils ont décroché le prestigieux graal de "percée de l'année 2023" décerné par la revue Science, et pourtant la découverte des analogues des récepteurs du GLP-1 remonte à plus de quarante ans. Une histoire pleine de rebondissements puisque ces antidiabétiques révolutionnent aussi la prise en charge de l'obésité.
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir n°931, daté septembre 2024.
Tous les ingrédients d'un bon thriller scientifique sont là ! Découvertes révolutionnaires, rivalités, appétit financier… le tout ponctué de rebondissements en tout genre. Cette histoire digne d'un scénario hollywoodien est celle d'une famille : les agonistes du récepteur du GLP-1 (ou analogues du glucagon-like peptide-1). Une famille qui vient d'être distinguée par la prestigieuse revue Science.
"Poule aux œufs d'or"
En décembre dernier, le développement des GLP-1 a en effet été qualifié de "percée de l'année 2023 ". Pourtant, l'arbre généalogique de cette famille de médicaments remonte aux années 1980, quand l'endocrinologue canadien Daniel Drucker, son collègue américain d'Harvard Joel Habener, et le médecin danois Jens Juul Holst découvrent l'hormone GLP-1 en étudiant le diabète de type 2. "Je me souviens très bien de cet article venu d'Allemagne, publié dans une revue internationale, déclare le Pr Jean-Paul Thissen, endocrinologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc, en Belgique. Elle montrait qu'une prise orale de glucose stimulait davantage la sécrétion d'insuline que la même quantité de glucose administrée en intraveineuse. Cette notion avait été avancée dès 1964 puis était tombée aux oubliettes. Mais, il y avait donc quelque chose dans l'intestin qui potentialisait la production d'insuline."
Les incrétines venaient de faire leur apparition. Dans cette famille d'hormones sécrétées par le tube digestif, le glucagon-like peptide-1, appelé GLP-1, est identifié. Le trio de chercheurs démontre que cette hormone augmente la sécrétion d'insuline et fait diminuer la glycémie. Son potentiel dans le traitement du diabète est clair. "Mais, son originalité, c'est qu'elle n'agit qu'en présence d'une forte concentration de glucose, souligne le Pr Jean-Pierre Riveline, responsable du Centre universitaire du diabète et de ses complications à l'hôpital Lariboisière, à Paris. Autrement dit, [...]